Critique 


Revue Critique

Critique n° 726


2007
96 p.
ISBN : 9782707320186
11.00 €

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Sommaire

Michel Serres : Peut-on dire encore le pouvoir spirituel ?
Bruno Latour et Pasquale Gagliardi, Les Atmosphères de la politique

*

Alain Roger : La mémoire et l'histoire
Mémoires allemandes (sous la dir. d'Étienne François et Hagen Schulze)
L'Italie par elle-même. Lieux de mémoire italiens de 1848 à nos jours (sous la dir. de
Mario Isnenghi)
Les Lieux de mémoire (sous la dir. de Pierre Nora)

Jean-Louis Jeannelle : La poétique de la mémoire selon Susan Suleiman
Susan Rubin Suleiman, Crises of Memory and the Second World War

Nicolas Weill : Théologies politiques d'aujourd'hui
Sophie Nordmann, Du singulier à l'universel
Serge Margel, Le Silence des prophètes

Frédérique Mérie : Sous le lien du temps, Hélène Cixous et Pierre Pachet
Hélène Cixous, Hyperrêve
Pierre Pachet, Devant ma mère

Daniel Grojnowski : Atget, artisan photographe et auteur d'avant-garde
Atget, une rétrospective

Antoine Compagnon : Nazisme, histoire et féerie. Retour sur Les Bienveillantes
Jonathan Littell, Les Bienveillantes


La quinzaine littéraire, 15 décembre 2007

Michel Serres et le pouvoir spirituel

 Combien de fois dit-on de moi, philosophe, que je ne vends que du vent  écrit Michel Serres dans la livraison de Critique de nov. 2007, en se demandant non sans ironie si cela ne vient pas du fait  que, jeune, je n’aie jamais eu de maître . Feinte pointe de nostalgie : où sont passés ceux qui  tenaient le pouvoir spirituel ?  Signe des temps :  assez récemment, l’Eglise catholique supprima saint Georges du calendrier  alors que  son symbole instruisait triplement : saint, il donnait lieu à des fêtes pieuses ; guerrier, cuirassé, armé jusqu’aux dents, il combattait dans l’armée ; le prénom Georges, enfin, signifie en grec, puis en latin, le paysan . Résumé des trois fonctions à lui seul, il était à même d’assurer ce  pouvoir spirituel  dont l’essence pour la première fois depuis le Néolithique s’évapore en même temps que le  pater familias .
Cette rupture tient, note Michel Serres, à ce que  nous vivons une troisième domestication qu’on pourrait appeler l’âge des Parcs . Il se caractérise par une  écologie politique  où les interactions en vue d’une décision collective en finissent avec les vieux rapports inégalitaires entre maître-disciple et sujet-objet. Michel Serres donne comme exemple de cette  révolution ptolémaïque  un musée australien où l’on peut observer la vie dans le désert depuis un couloir de verre. Ce concept, parce que bâti dans un rapport au monde inverse de l’aquarium, tourne la page au vieil anthropocentrisme sacrant l’observateur d’un seul côté de la barrière. Nous entrons dans le paradigme de la continuité des singes des vivants. A l’origine simple compte rendu d’un livre collectif, cet article de Michel Serres a pris une dimension si capitale qu’il se prolonge dans le n° de déc. ( Peut-on dire encore le pouvoir spirituel ? , Critique, n° 726 & 727).

 

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