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Revue Philosophie

Philosophie n° 94


2007
ISBN : 9782707320018

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Sommaire

ERNST TROELTSCH
Le dix-neuvième siècle

FLORENT GUÉNARD
Désir d'égalité et envie.
Les passions démocratiques dans De la démocratie en Amérique de Tocqueville

BRUNO BERNARDI
Guerre, État, état de guerre : quand Schmitt lit Rousseau

GRAHAM PRIEST
La logique du paradoxe

NOTE DE LECTURE

Présentation

Le numéro s'ouvre par la traduction et la présentation, dues à A. Berlan, d'un texte d'Ernst Troeltsch datant de 1913 et intitulé  Le XIXème siècle . Ce texte conceptualise pour la première fois une catégorie alors courante en Allemagne, celle de Kulturkritik : prenant acte de l'accélération de la révolution industrielle en Allemagne et des transformations socioculturelles qu'impliquait cette dernière, la  critique culturelle  ne présentait pas une critique sociale cherchant à dénoncer l'oppression dont souffrait un prolétariat grandissant, mais développait une réflexion plus générale sur l'aliénation et la déshumanisation qui semblaient menacer l'humanité moderne.
Il est tentant de penser que pour Tocqueville, l"amour de l’égalité qui anime les citoyens dans les démocraties dégénère en envie générale qui les pousse à préférer, aux plus petites différences dans la liberté, l’égalité uniforme dans la servitude. Or, si l’on s’attache à comprendre la nature de l’individualisme américain et les dispositions à la sympathie qui en découlent, on parvient à la conclusion inverse. Ainsi, mettant en évidence le rôle des passions démocratiques chez l'auteur, F. Guénard montre, dans  Désir d'égalité et envie , que l’amour de l’égalité est régulé par le désir de communauté et la sociabilité spécifique qu’il engendre.
Dans  Guerre, État, état de guerre , B. Bernardi analyse la lecture fait par Carl Schmitt de Rousseau. S'il crédite Rousseau d'avoir formulé le principe du jus publicum europaeum - selon lequel la guerre est une relation inter-étatique –, Schmitt met en question la manière dont il le légitime. L'auteur tente de cerner ce que Schmitt ne peut lire chez Rousseau, et montre que les conceptions rousseauistes de l'appropriation et de la propriété, de la souveraineté et de l'obligation, de la guerre et de l'état de guerre, s'opposent point par point au concept schmittien du nomos de la terre, ainsi qu'aux positions de Locke – ce qui modifie la lecture communément admise de ces auteurs.
Vu l’énergie considérable vouée au traitement des paradoxes logico-mathématiques et sémantiques, on s'est souvent demandé pourquoi les logiciens n’aimaient pas les contradictions, pour répondre en général qu’une contradiction invalide la théorie au sein de laquelle elle surgit, vu qu'ex falso quodlibet sequitur. L’idée de la paraconsistance consiste à rejeter ce principe, et à admettre que l'on doit pouvoir poser à la fois A et non-A sans être contraint d’en déduire n’importe quelle proposition. Pour justifier un tel rejet, différentes stratégies sont possibles, qui vont d’une réforme de la notion de conséquence logique à l’affirmation que, dans certains cas, A et non-A sont vrais simultanément. Dans  La logique du paradoxe , G. Priest défend et formalise cette position, dont F. Rivenc présente une critique dans son introduction au texte.
D. P.

 

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