Philosophie


Revue Philosophie

Philosophie n° 113


2012
96 p.
ISBN : 9782707322425
10.00 €

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Ce numéro est intégralement consacré à Adorno, penseur surtout connu en France pour ses contributions à l'esthétique et à la théorie de la musique, et vise à retracer une image d"ensemble de son œuvre philosophique. À cette fin sont réunis plusieurs types de textes : des articles portant sur le rapport d’Adorno à des figures centrales de la philosophie (Kierkegaard et Hegel), des contributions s’attachant à cerner l’actualité philosophique de sa pensée, et une étude consacrée à la théorie littéraire du philosophe.
Dans  Le Kierkegaardbuch revisité , Agnès Gayraud examine la critique par Adorno de la conception kierkegaardienne de la subjectivité, qu’elle replace dans le contexte philosophique de l’époque : prenant ses distances avec les interprétations de Kierkegaard par Lukács et Kracauer, d’un subjectivisme romantique excessif, il recourt à la figure benjaminienne de l’allégorie pour élaborer une critique matérialiste de l’existentialisme kierkegaardien. S’amorce ainsi dès le Kierkegaardbuch une critique dialectique et matérialiste de la subjectivité.
Dans  La dialectique hegelo-adornienne , Alain Patrick Olivier s’attache à ressaisir le lien entre dialectiques hégélienne et adornienne : Adorno se livre moins à une critique qu’à une réhabilitation et une réappropriation de la philosophie hégélienne, se démarquant ainsi des trois positions dominantes qu’étaient le positivisme, l’heideggérianisme et le matérialisme dialectique. Par là s’explique l’aspect provocateur de l’approche adornienne, soucieuse de dégager, dans la pensée hégélienne, ce qui peut y paraître le plus risqué - primat du tout, dialectique comme méthode, définition du Beau comme moment de l’absolu…
Dans  un jeu avec le réel , Julia Christ s’intéresse à la méthode d’interprétation adornienne de la réalité sociale, qu’elle définit comme jeu avec le réel : l’acte d’identification n’y est ni pure activité du sujet, ni complète reddition devant une objectivité sociale pré-donnée, mais interaction entre deux sujets où chacun peut faire valoir ses expériences propres et les ajuster à celles de l’autre. Adorno critique ainsi toute pensée identificatrice éludant ce jeu d’interactions où s’opposent et se testent des pratiques subjectives de structuration du réel.
Dans  Adorno et le mythe du donné , Gilles Moutot dégage, par un rapprochement original avec McDowell, la portée sociale et cognitive de la théorie de la connaissance adornienne : par le concept de mimésis, Adorno tente de sauver à la fois la réalité de l’objet et la consistance du moment subjectif, élaborant une critique conjointe de l’idéalisme et du poitivisme ; l’auto-réflexion du sujet est comprise comme mouvement par lequel il se tente de comprendre le réel tout en prenant une distance critique vis-à-vis de la société qui le détermine.
Enfin, dans  Le tact, expérience de la littérature , Antonin Wiser restitue les principes régissant l’interprétation adornienne de Proust : dans l’ensemble des textes où il est question de Proust, Adorno y développe des techniques d’écriture et d’analyse s’efforçant de rendre compte ce qui en lui est  spécifique, et plus que spécifique , tout en lui appliquant sa conception générale de la littérature.

D. P

Sommaire

Adorno philosophe

Présentation du numéro
Par Alexandre Dupeyrix, Stéphane Haber et Emmanuel Renault

Agnès Gayraud
Le Kierkegaardbuch revisité. Enjeux adorniens de la critique de l’intériorité kierkegaardienne

Alain Patrick Olivier
La dialectique hegelo-adornienne

Julia Christ
Un jeu avec le réel – esquisse de la méthode critique d’Adorno

Gilles Moutot
Adorno et le mythe du donné. Connaissance, expérience, société

Antonin Wiser
Le tact, expérience de la littérature ou Proust lu par Adorno

Notes de lecture

 

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