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Philosophie n° 131 : Etudes husserliennes


2016
96 p.
ISBN : 9782707329974
10.00 €

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Ce numéro s’ouvre sur la traduction par Emmanuel Alloa de deux textes tardifs de Husserl : « Monde humain, monde animal, monde préhistorique » et « Normalité, anomalité et animalité ». Il y répond par avance à l’argument de l’ancestralité que le réalisme métaphysique contemporain oppose à l’idéalisme transcendantal – le fait que le monde (notamment préhistorique) a préexisté à toute conscience humaine. Husserl y oppose le refus de dissocier l’être de l’étant et la possibilité subjective d’y accéder : comment le monde préhistorique se révèle-t-il à nous ? Par les traces que découvrent le géologue et le paléontologue, qui témoignent de l’existence de formes de vie animale (voire primitives et précédant toute conscience) que l’on peut reconstituer ; le monde préhistorique ne tire son être que des actes reconstitutifs de la conscience historienne et des actes constituants présumés des subjectivités animales préhistoriques. Husserl élargit ainsi les frontières de l’intersubjectivité et assimile l’absolu transcendantal à une communauté générative universelle de toutes les consciences pures possibles ; restent à étudier, par une variation eidétique des formes de sujet, les paliers d’élargissement de l’intersubjectivité par constitution de la normalité et de l’anormalité. Autant d’aspects qu’Emmanuel Alloa éclaire dans « Monde humain, monde animal, monde préhistorique. Le perspectivisme selon Husserl ».Dans « Husserl, la signification et la morsure du temps », Michel Rhéaume tente de mettre en lumière dans la pensée husserlienne les insuffisances découlant du type de temporalité qu’elle attribue au domaine de la signification idéale : bien que le dernier Husserl thématise une forme de « genèse » historique et fondationnelle du sens, il s’agit pour l’auteur d’indiquer une voie alternative pour penser l’historicité de la science – aperçue mais jamais véritablement empruntée par Husserl – qui s’articulerait autour de l’idée d’« habitus de signification ».« Événement, champ, trace : le concept phénoménologique d’institution » de Roberto Terzi vise à explorer le concept phénoménologique de Stiftung, en tant que premier événement qui ouvre un champ d’expérience ou une tradition historique. Après avoir reconstruit la structure essentielle de ce concept chez Husserl et analysé les problèmes que laisse ouverts sa position, il se tourne vers la manière dont ce thème a été développé par Merleau-Ponty et Derrida. L’institution apparaît ainsi comme un concept fondamental de la phénoménologie et un thème qui la conduit à sa limite.

Dans « Husserl précurseur de Marx. Le communisme comme philosophie première », Jean Vioulac part des impasses auxquelles, selon Trần-Đức-Thảo et Desanti, conduit l’idéalisme phénoménologique husserlien – que devait dépasser une philosophie de la praxis. Or, dans les inédits tardifs, Husserl a dépassé l’aporie idéaliste en dégageant le corps vivant comme « sous-sol » de l’ego transcendantal, mais aussi en reconnaissant que seule l’intersubjectivité transcendantale, communauté historique d’hommes vivant et agissant dans le monde, est à même de constituer l’objectivité, sur le terrain même de la praxis ; c’est donc le communisme qui surmonte à la fois l’idéalisme et le subjectivisme de la phénoménologie.
D. P.

Sommaire

Emmanuel Alloa
Le Monde existe-t-il sans nous ? Le perspectivisme de Husserl


Edmund Husserl
Monde humain, monde animal, monde préhistorique

Edmund Husserl
Normalité, anomalité et animalité


Michel Rheaume
Husserl, la signification et la morsure du temps

Roberto Terzi
Evénement, champ, trace : le concept phénoménologique d’institution

Jean Vioulac
Husserl précurseur de Marx. Le communisme comme philosophie première

Notes de lecture

 

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