Philosophie


Revue Philosophie

Philosophie n° 128 : Adolf Reinach


2016
96 pages
ISBN : 9782707329448
10.00 €

S'abonner

Version numérique

Ce numéro est consacré à l’une des figures centrales de la phénoménologie, que seule sa mort prématurée en 1917 a privée d’une gloire plus éclatante. Disciple de Theodor Lipps, Adolf Reinach fut avec Johannes Daubert et Moritz Geiger l’un des membres du Cercle de Munich qui, après la découverte déterminante des Recherches logiques de Husserl, s’efforça de thématiser la conscience sur son versant objectal plutôt que subjectif, tentant de dégager l’essence du pôle objectal visé par la conscience dans ses divers actes intentionnels (perception, imagination, pensée, etc.). Lecteur des Ideen de Husserl, dont il fut chargé de relire les épreuves, Reinach refusa d’adhérer au tournant transcendantal du maître, récusant tant la méthode de réduction transcendantale que la position ontologique husserlienne selon laquelle tout étant se réduit à du sens visé et validé par la conscience pure, et optant pour une phénoménologie réaliste et eidétique dont la méthode résidait dans la seule intuition d’essence. Si le propre de l’attitude phénoménologique requiert d’apprendre à voir effectivement, cela implique, en tout domaine, de considérer les essences – en dépouillant l’objet considéré de tout ancrage dans le champ de l’existence effective, pour passer de l’effectivité à la sphère des pures possibilités. À partir de là, l’objet central de la phénoménologie est de passer de la question du sens à la question de l’être, c’est-à-dire de saisir non simplement les essences, mais les lois eidétiques qui les relient.Le second aspect central de cette phénoménologie réside dans la doctrine des états de choses (Sachverhalte) – dont la notion, après avoir été dégagée par Husserl dans les Recherches logiques, est devenue le point focal de l’intérêt de Daubert et de Reinach : objectités idéales qui relèvent de la signification, possèdent la forme catégoriale « être-p de S » et sont les corrélats intentionnels d’actes de jugement ou de croyance.
Troisièmement, Reinach a désubjectivé et déformalisé l’a priori : ce dernier n’appartient pas au sujet transcendantal et ne se réduit pas aux seules formes pures, mais s’étend à toutes les connexions d’essence, c’est-à-dire aux états de choses fondés sur des essences – qu’il s’agisse d’essences formelles ou matériales. Aussi la phénoménologie se donne-t-elle pour tâche de fonder les sciences, en ressaisissant le soubassement eidétique ou a priori qui se trouve à leur fondement.
De ce programme ambitieux, Reinach n’a eu le temps de réaliser qu’une infime partie, tout en donnant de nombreuses indications sur la manière de le faire. Les Fondements a priori du droitcivil, traduit par Ronan de Calan (Paris, Vrin, 2004), puis les textes réunis sous ma responsabilité en traduction française sous le titre Phénoménologie réaliste (Paris, Vrin, 2012), en ont donné au lectorat français un substantiel aperçu. L’ensemble des études ici réunies entend mettre en lumière l’ampleur des intérêts thématiques de Reinach : redéfinition de la tâche de la phénoménologie et de l’a priori, théorie des modalités cognitives de l’intentionnalité, de l’espace et du continu, questions éthiques et doctrine juridique de la propriété.D. P.SommaireDOMINIQUE PRADELLE
La critique de la subjectivité de l’a priori chez ReinachARNAUD DEWALQUE
L’intentionnalité cognitive et ses modes : Reinach critique de BrentanoDENIS SERON
Adolf Reinach sur le continuBASIL VASSILICOS
Le devoir m’appelle ? Reinach et Williams sur les limites (éthiques) de l’obligationRONAN DE CALAN
La phénoménologie de la représentation (Vertretung) dans les Fondements a priori du droit civilOLIVIER MASSIN
Qu’est-ce que la propriété ? une approche reinachienne

 

Précédents numéros





Toutes les parutions de l'année en cours
 

Les parutions classées par année