Philosophie n° 56

Présentation Que veut dire la célèbre expression de l'esthétique transcendantale (version de 1787), selon laquelle  l'espace est représenté comme une grandeur infinie donnée  ? Il est des formules si connues qu’on en oublierait presque de s’interroger sur elles : comment et à quelles conditions l’infini lui-même pourrait-il être donné dans une intuition ? Un écrit de Kant, inédit en français, où l’auteur de la Critique de la raison pure répond à un mathématicien allemand, A. G. Kästner, jette une vive lumière sur cette difficulté et sur l’esthétique transcendantale en général. Traduit et présenté par Michel Fichant, il est suivi d’un essai du même auteur qui propose une interprétation à nouveaux frais de la conception kantienne de l’espace.
Problème classique, encore, et bien connu, que celui de l’accord, voire de la fusion, des volontés individuelles au sein de la Volonté générale, dans le Contrat social de Rousseau. Question déterminante, puisqu’elle prescrit les conditions d’après lesquelles le lien social peut être légitime. Faut-il faire intervenir ici un modèle organiciste mécaniste ? Bruno Bernardi s’appuie lui aussi sur un texte pratiquement inconnu de Rousseau, les Institutions chymiques, pour proposer un troisième modèle interprétatif de l’association politique.
A travers ces deux exemples, ce numéro de Philosophie tente donc de relever le défi de l’acribie interprétative. Il s’achève sur un modèle du genre, la fin de l’article de Luigi Pareyson sur Schelling, dont la première partie avait été publiée dans le numéro 55.Sommaire KANT, Sur les articles de Kästner (trad. et présentation de M. Fichant).

MICHEL FICHANT,  L’espace est représenté comme une grandeur infinie donnée  : la radicalité de l’Esthétique.

BRUNO BERNARDI, J.-J. Rousseau une chimie du politique ? Pour une lecture du Contrat social, I, 5.

LUIGI PAREYSON, La stupeur de la raison selon Schelling (2)