Romans


Robert Pinget

Graal Flibuste


1956
240 pages
ISBN : 9782707304902
12.55 €
Nouvelle édition intégrale, 1966


 Ce livre, le quatrième de Pinget, occupe une place un peu à part dans l'œuvre de cet auteur. On y retrouve, bien sûr, les éléments constitutifs de l'univers si particulier de l'écrivain (et notamment l'irruption, ici et là, des personnages ou des lieux qui charpentent d'autres romans : le Chanchèze, Monsieur Songe, le roi Gnar, Crachon..) mais la singularité de ce livre tient à son aspect résolument picaresque : l'hommage ou la référence à Don Quichotte n'est pas loin, et certains passages peuvent rappeler des romans d'aventures à la Jules Verne. N'empêche, la singularité de Pinget, son souci de ne pas raconter une histoire à l'intrigue et au développement linéaires, sa volonté de ne pas  aboutir  se vérifient également avec Graal Flibuste, qui est d'abord prétexte à laisser l'écriture seule maîtresse du récit - la volonté de l'auteur s'absentant pour ainsi dire. Si l'humour et la poésie traversent ces aventures très toniques – et très divertissantes –, l'angoisse native qui verrouille parfois les textes de la même époque est ici comme submergée par la célérité des événements accumulés et entrechoqués. Ça n'est pas là la moindre originalité de ce livre qui, s'il s'apparente bien au roman, tient aussi du mauvais rêve éveillé et du délire savamment maîtrisé. 

François Boddaert

Jean Blanzat (Le Figaro Littéraire, 1956)

 Un livre d'un intérêt et d'une qualité littéraire remarquables. Qu'il touche d'une émotion poétique ou suscite l'éclat de rire, Graal Flibuste, dont la langue est très précise, I'art très concerté, ne laisse indifférent à aucune page. Mais c'est une des vertus de cet ouvrage de ne pas livrer aisément ses secrets. 

André Dalmas (La Tribune des Nations, 1956)

 Une autre qualité s'ajoute à la vertu de l'ironie : la tendresse. Tendresse pour les hommes, tendresse pour les êtres de la faune et de la flore qui vivent autour de ces hommes.

Geneviève Serreau (Les Lettres Nouvelles, 1956)

 Pinget prend ses distances, mais c'est pour mieux flâner, pour remplir le vide des jours, pour le plaisir d'inventer à son usage un univers, en apparence inconséquent, où musarder, deviser, à l'abri de ce vrai monde, décidément intolérable et que ses excès mêmes protègent de nos sarcasmes. 

Philippe Jaccottet (La Nouvelle Revue, Lausanne, 1956)

 J'entends ce livre déconcertant comme une musique élégante, aigrelette, toute en ornements et délicates parodies, brillantes virevoltes au-dessus d'un abîme dissimulé par discrétion. Mahu et Groal Flibuste sont deux aspects qu'un esprit subtil et inquiet, incertain de sa propre existence, peut donner de cette incertitude même. 

Jean-Louis Bory (L'Express, 1956)

 Il n'y a rien de plus inquiétant que cette description pince-sans-rire d'un monde qui pourrait être le nôtre et qui ne l'est pas. L'insolite est contagieux : à force de décrire les choses étranges naturellement, comme si elles étaient banales, les choses banales ne tardent pas à nous paraître étranges. La réussite de Pinget est éclatante. 

Alain Bosquet (Preuves, 1956)

 L'un des livres en prose les plus originaux qui aient paru depuis l'autre après-guerre. 

 




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