Paradoxe


Clément Rosset

Le Démon de la tautologie

suivi de Cinq petites pièces morales


1997
Collection Paradoxe , 96 pages
ISBN : 9782707316158
13.00 €


« Ce livre a pour point de départ l’idée de répondre brièvement à deux objections qui m’ont souvent été faites. La première porte sur le sens précis que je donne au mot de “ réel ”. La seconde sur mon refus de prêter l’oreille à tout propos ou pensée de nature morale.
La première enquête, sur le réel, m’a amené à un examen radioscopique de la tautologie qui s’est révélée à l’analyse moins simple – et moins simplette – quelle n’en a l’air. Le secret de la tautologie, qu’on pourrait appeler son “ démon ”, au sens d’ensorcellement et de cercle magique, est que tout ce qu’on peut dire d’une chose finit par se ramener à la seule énonciation, ou ré-énonciation, de cette chose même. »
Clément Rosset

‑‑‑‑‑ Table des matières ‑‑‑‑‑

Avant-propos

Le Démon de la tautologie
Post-scriptum (Note sur Wittgenstein

Cinq petites pièces morales : I. Remarques préliminaires – II. Le syllogisme du bourreau – III. Les formules magiques – IV. Le démon du bien – V. Le théorème de Cripure

‑‑‑‑‑ Extrait de l’ouvrage ‑‑‑‑‑

Écrire contre la morale, même si celle-ci est actuellement à l’honneur comme elle le sera sans aucun doute par la suite, relève, après ce qu’en ont écrit Spinoza et Nietzsche, d’un genre philosophique désormais démodé et fastidieux. La cause de la morale me semble définitivement perdue dans ses prétentions à la philosophie, même si elle doit continuer longtemps encore à faire bonne figure.
Circonstance aggravante, il se trouve que je me suis déjà expliqué moi-même sur les raisons qui me font personnellement opposer un refus, poli mais têtu, à toute forme de moralisme. (...) Je dois donc résumer ici mon argumentation d’alors, qui est toujours restée la mienne, en quelques phrases. Le principal point névralgique, ou point faible, de la morale me paraît résider dans son incapacité à affronter le réel ou, ce qui revient au même mais exprime plus précisément ma pensée, dans son aptitude à récuser comme immorale ce qu’elle ne peut admettre comme réalité dès lors que celle-ci est tragique (ou contraire à ses vœux). C’est pourquoi j’ai qualifié du terme un peu bizarre « d’anti-tragique » toute propension au moralisme. Il eût peut-être mieux valu dire « infra-tragique » ou « hypo-tragique », désignant ainsi un point de vue incapable d’embrasser la réalité tragique, comme on parle en géométrie d’angle capable ou non capable. Le représentant modèle de cet escamotage moral de la réalité, qui revient à réputer immoral ce qu’on refuse d’admettre comme simplement tragique, est Jean-Jacques Rousseau, notamment dans certains passages de l’Émile et de la Lettre à d’Alembert, dans lesquels la supercherie est particulièrement visible. La cruauté qui émane de telle pièce de Racine ou de Molière, ou de telle fable de La Fontaine, est tragique ; donc elle est immorale ; donc elle est fausse ; donc elle doit être éradiquée de toute pensée et de toute expression publique. Comme le dit la Lettre à d’Alembert : les pièces de théâtre « accoutument les yeux du peuple à des horreurs qu’il ne devrait pas même connaître, et à des forfaits qu’il ne devrait pas supposer possibles ». En d’autres termes, le réel est ce qu’on doit tenir caché au peuple et ce dont il ne doit en aucun cas supposer l’existence.

ISBN
PDF : 9782707332394
ePub : 9782707332387

Prix : 9.49 €

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