Éric Laurrent
Berceau
2014
96 p.
ISBN : 9782707328090
11.50 €
30 exemplaires numérotés sur Vergé des papeteries de Vizille
Entre avril 2012 et septembre 2013, je me suis rendu une vingtaine de fois au Maroc. Pour y retrouver un enfant. Un enfant abandonné. Mon fils.
ISBN
PDF : 9782707328113
ePub : 9782707328106
Prix : 7.99 €
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Jérôme Garcin, Le Nouvel Observateur, 2 octobre 2014
Ziad, mon fils
Depuis septembre 2012, le Maroc n'accorde plus la Kafala (une procédure d'adoption propre au droit musulman) qu'aux seuls Marocains. La justice du royaume interdit désormais aux étrangers, ces kouffar, ces incroyants, d'y recueillir des orphelins (7 000 à 9 000 par an), au prétexte qu'ils ne sont pas qualifiés pour les élever selon les préceptes de l'islam. Quelques mois plus tôt, le romancier Eric Laurrent, dans les veines duquel coule du sang italien, et sa femme Yassaman, d'origine iranienne, avaient pourtant obtenu l'autorisation d'adopter Ziad, un enfant "magnifique" abandonné à sa naissance, le 1er avril 2012, et l'avaient même serré dans leurs bras, à l'orphelinat de Rabat. Leur bonheur allait être mis à rude épreuve, longue d'un an et demi avant qu'ils puissent emmener Ziad en France. Ziad pour qui, d'évidence, Eric Laurrent a écrit ce récit au lyrisme contenu, bref et précis comme un acte de naissance. Afin que son fils sache, un jour, d'où il vient, pourquoi et comment il a quitté son pays natal. Il y apprendra que, si son patronyme porte deux r, c'est que son père ne voulait pas être confondu avec son homonyme Eric Laurent, bientôt auteur d'un livre à charge contre Mohammed VI, "le Roi prédateur". Il découvrira ce qu'était, à la veille de son départ pour Paris, la vie quotidienne dans le royaume chérifien. Il lira un poème qui lui est dédié et verra des larmes de joie couler sur les joues de son père. Peut-être sera-t-il ému de savoir que le lecteur, lui aussi, l'a adopté.
Jean-Claude Lebrun, L’Humanité, jeudi 30 octobre 2014
Eric Laurrent. Ecrire les origines
Dix romans depuis 1995 ont imposé dans le paysage littéraire cette écriture précise et précieuse. L’écrivain né en 1966, alors que la visée objectale du Nouveau Roman commençait de moins faire recette, se présente en effet comme un explorateur de notre fonds linguistique, dénichant des vocables inusités ou carrément oubliés. En 2011, dans Les Découvertes, cet artiste de la forme a laissé apparaître une intimité qu’on n’apercevait guère auparavant : il évoquait avec délicatesse une manière d’éducation sentimentale à Clermont-Ferrand, sa ville natale. Il poursuit aujourd’hui sur cette voie, à propos de l’adoption récente d’un enfant, au Maroc.
Le livre, moins de cent pages, semble emprunter à l’organisation chronologique d’un procès-verbal. Éric Laurrent y relate les dix-huit mois qui s’écoulèrent entre l’autorisation d’adopter le petit Ziad,
né le 1er avril 2012, abandonné par sa mère et recueilli dans un orphelinat de Rabat, et l’arrivée du nourrisson en France qui lui épargnerait un destin trop prévisible de gosse de la médina « quémandant de l’argent ou fomentant quelque mauvais coup ». Il fallut pour cela, à l’écrivain et sa compagne Yassaman, une vingtaine d’allers et retours entre les deux pays et l’aide décisive d’une princesse chérifienne. C’est que, entre-temps, le contexte s’était radicalisé. Les forces obscures à l’œuvre dans le monde islamique imposaient de plus en plus leur vision régressive : en septembre 2012, l’administration marocaine fermait aux étrangers non musulmans la possibilité d’adopter l’un des 7 000 à 9 000 orphelins qui viennent chaque année grossir les rangs des enfants abandonnés par des mères célibataires mises au ban de la famille et de la société. En même temps qu’il retrace cette véritable odyssée, l’écrivain parsème son récit de flashs sur les réalités pour le moins contrastées du Maroc contemporain et se montre lui-même dans la posture de l’apprenti père.
La beauté et la densité de Berceau tiennent à cette variété des éclairages, distribués par une écriture de très haute tenue. Éric Laurrent, styliste hors pair, rédige pour son fils une authentique épopée de ses origines. L’orphelinat surchargé et démuni, le monde tourmenté du dehors, la tension entre luxe et arriération, l’âpre combat des parents pour continuer avec lui l’histoire entamée au printemps 2012, l’apprentissage des premiers sons et mots de ce qui sera sa langue... On ne saurait imaginer meilleur viatique pour l’enfant tant désiré.
Du même auteur
- Coup de foudre, 1995
- Les Atomiques, 1996
- Liquider, 1997
- Remue-ménage, 1999
- Dehors, 2000
- Ne pas toucher, 2002
- À la fin, 2004
- Clara Stern, 2005
- Renaissance italienne, 2008
- Les Découvertes, 2011
- Berceau, 2014
- Un beau début, 2016
Livres numériques
- Les Découvertes
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