Théâtre


Laurent Mauvignier

Tout mon amour


2012
128 p.
ISBN : 9782707322456
11.50 €
40 exemplaires numérotés sur Vergé des papeteries de Vizille, 42 €






À la mort de son père, un homme revient dans la maison où il a passé son enfance, près du bois où sa fille a disparu dix ans plus tôt. L'enterrement, les affaires familiales à régler : sa femme et lui veulent faire vite et ne pas s'attarder.
Sauf que leurs souvenirs les attendent, que les morts ne le sont pas pour tout le monde et que, parfois, les disparus resurgissent.

Cette pièce a été créée par le Collectif Les Possédés, au Théâtre Garonne, à Toulouse, en octobre 2012, puis repris au Théâtre de la Colline, à Paris, en novembre 2012. 

ISBN
PDF : 9782707324535
ePub : 9782707324528

Prix : 8.49 €

En savoir plus

Emily Barnett, Les Inrockuptibles, 17 octobre 2012

Les revenants

Une jeune fille revient dans sa famille dix ans après sa disparition. Laurent Mauvignier passe par un dispositif théâtral pour interroger le rapport des vivants avec les morts.

Pour un auteur travaillé depuis toujours par la question de l'oralité, cette incartade dans le théâtre n'est presque pas une surprise. D’autant que Mauvignier s’empresse dès la première page d’y imprimer sa patte de romancier - renvoyant tel ou tel signe typographique à "une parole interrompue brutalement par le locuteur” ou à un endroit du texte où “les paroles d’enchevêtrent, se mêlent, se chevauchent, ne s’écoutent pas”.
Ces voix, que l’écrivain nous donne à entendre depuis Loin d’eux, en 1999, recomposent ici une famille, ou ce qu’il en reste : un homme venu assister aux obsèques de son père, accompagné de son épouse et bientôt de son fils, dans la maison où leur petite fille a disparu dix ans plus tôt. Après le désastre collectif (Dans la foule, Des hommes), le fait divers (Ce que j’appelle oubli), c’est donc avec une veine familiale et intimiste que l’auteur renoue, comme si ce dialogue ininterrompu que permet le théâtre était le plus à même de creuser ses obsessions : la mort, le deuil et la filiation, les non-dits familiaux et le travail pugnace de la langue pour les déterrer, les ramener à la surface. Reconnaissables entre tous, le style de Mauvignier fait mouche comme chaque fois, ardent et vernaculaire, buté et inextinguible. Le refoulé s’y matérialise en une matière heurtée, bouillonnante, rendant le lecteur attentif au moindre à-coup, au moindre frottement de la langue. De même, il ne peut rester étranger au désarroi des personnages, confrontés au comble de l’horreur : l’apparition d’une adolescente de 16 ans prétendant être leur fille volatilisée.
Résurrection ? Mensonge ? Mirage ? Toujours est-il que les vivants accueillent bien mal le retour des morts. Présences désormais importunes, les revenants buttent contre la perplexité, la colère blanche, le déni et l’apitoiement.
Dans ces conditions, qui ne correspondent pas au deuil mais à son après, nul fantôme paternel ne saurait espérer être bien reçu par son fils, pas plus que les petites filles mortes par leur mère. Elles sont donc priées de disparaître pour de bon.

 




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