Romans


Christian Gailly

L’Air


1991
160 pages
ISBN : 9782707313737
11.60 €
40 exemplaires numérotés sur Vergé des papeteries de Vizille


Une grande cour sépare les deux ailes du château.
Dans l’une d’elles, la gauche en regardant le portail de l’extérieur, une femme joue du piano en attendant le réveil de son mari.
Dans l’autre aile, la gauche en regardant le portail de l’intérieur, un homme hante la chapelle en attendant le retour de ses forces.
Le fils, lui, assemble des modèles réduits en attendant de pouvoir s’envoler.
Le jour où il s’envole il se fait descendre.
Sa chute obligera la mère à laisser son piano.
Quand au père, lisons plutôt.

ISBN
PDF : 9782707327918
ePub : 9782707327901

Prix : 8.49 €

En savoir plus

Dominique Durand (Le Canard enchaîné, 13 mars 1991)

« Christian Gailly, lui, se moque de tout ; d'abord il publie aux Éditions de Minuit, c'est dire ! Il met en scène – en joue ? – un peintre, Soti, déserté par l'inspiration, et se promet d'expliquer que lui aussi, l'auteur, enfin bref... Du genre : “ Quelqu'un joue du piano. Suzanne, femme de Soti. Suzanne joue pour se calmer. Suzanne s'est remise au piano depuis que Soti ne sait plus quoi faire, ça arrive aux meilleurs d’entre nous, la preuve, je ne savais plus quoi faire, je me suis remis à écrire. ” Ce n'est pas en ricanant ainsi qu'on décroche un prix littéraire, ni en nous promettant des aphorismes, tralalère, comme chez Gralph.
Soti n'est pas sérieux, il est, lui aussi, un fildefériste qui broie tout en noir, normal pour un peintre grâce à qui l'on voit l'influence d'une guêpe – dans la peinture bleue – sur la peinture quand on voulait commencer par la peinture jaune. Et aussi, au moment où se joue le sort du jeune Louis – dépendant de la jeune Sylvie, qui en était à son premier pique-nique –, ce dialogue magique sur la toile entre la robe bleue (de Sylvie) et le pantalon beige (de Louis), “ alors brusquement fou de colère, de douleur, le beige se jette dans le bleu et le bleu se dérobe, recule dans l'espace vide, non peint, de la toile ”.
Gailly ne cache pas ses aphorismes, lui : “ Encore six mois d'impuissance pour Soti et ça ira très bien pour le jeu de Suzanne. ” Attention aux éclats de rire : un boute-en-train peut en gâcher un autre. »

(Le Figaro, 15 avril 1991)

« Une petite merveille de drôlerie bouffonne et une écriture musicale toute en déhanchements, glissades, toute en croches et en soupirs. Il est question d'un peintre et d'une pianiste, de leur grande demeure et d'un fils amateur de modèles réduits. Il y a aussi des abeilles et des catastrophes et des gendarmes. Et l'on se laisse guider par la nonchalance de l'écriture, ses bonheurs brefs, ses échappées rêveuses, ses apartés saugrenus. On rêve. On se laisse séduire par la virtuosité de l'artiste. Ses improvisations, ses variations. On pense à Satie. C'est drôle, familier et bizarre à la fois. »

Jean-Claude Lebrun (Révolution, mars 1991)

« Après le remarquable K.622, publié l’autre année, avec pour cellule mère le grand “ chagrin ” existentiel qui anime la musique mozartienne, L'Air reprend le thème au bond et force à s'interroger de plus belle, en élargissant le registre à la peinture et (discrètement) à la littérature, sur le rapport de ce “ chagrin ” avec la perfection artistique. »

Angelo Rinaldi (L'Express, 1991)


« Ce qui se passe dans la demeure de Charles Soti, artiste plasticien – ce château n'aurait-il pas une allure palladienne ? – relève de ces mystères dont Agatha Christie avait le goût. Ce qui se produit sous la plume d'un romancier déjà repéré pour ses deux précédents livres est de l'ordre de l’enchantement littéraire. Phrases brèves, répétitions voulues, naïvetés étudiées, ce serait presque du maniérisme si, à chaque instant, ne prévalaient le sens du saugrenu et un instinct poétique qui empêche de “ trop en faire ”. Ici s'impose une façon de voir le monde qu'on ne trouve pas ailleurs, à moins de se reporter, pour la fantaisie, au théâtre de René de Obaldia. On peut craindre, certes, que le procédé, original, ne tourne, à la longue, au système, ne tende à trop de soin dans la miniature et ne nuise à un projet de plus d’ampleur. Mais le résultat, en ce moment, est irrécusable : à bas bruit, sans se hausser du col, un jeune artiste à la fois malin et inspiré installe et son univers et son climat, qui entraînent – c'est une réussite – la modification de notre propre regard. »

 




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