Une femme ne se souvient pas de son enfance. Sauf d’une chose, dont elle fut délivrée autrefois par l’amour d’une servante, et qu’elle tente de revivre en répondant à une petite annonce. Dès lors, à la douceur qu’elle connaissait avec Gilles, son amant, se substitue la douleur infligée sur demande par l’homme roux.
* Une première version du texte a paru aux Éditions Spengler en 1995.
Fabrice Gabriel (Les Inrockuptibles, 1995)
De la savoir si rétive aux frontières, on s’étonne un peu du territoire très codé qu’elle s’est choisi avec La Nuit l’après-midi, récit d’un rituel sadomasochiste où se devine l’œil bien ouvert de Bataille.“ C’est un roman, point. Qu’on parle de roman érotique , ça m’énerve, c’est réducteur. On me ramène régulièrement à ça. Dernièrement, on m’a demandé un article sur l’érotisme au féminin, en me disant que pour le moment, en Belgique, il n’y a que moi sur le sujet. Ça me tue. Les livres dits érotiques sont souvent un catalogue de fantasmes et de positions acrobatiques, ça ne m’intéresse pas. Sexus, d’Henry Miller, ce n’est pas un roman érotique , c’est un livre extraordinaire sur la vie, sur le rêve, sur l’amour... ” Mais il ne faut pas trop parler de La nuit l’après-midi, dit-elle, pour ne pas mettre l’eau à la bouche des lecteurs qui auraient du mal à trouver ce livre “ mort-né ”. Dommage, car on y goûte la façon de déjouer les attentes, les poncifs : le dénominateur est un homme faible, l’outillage sexuel se réduit à la métonymie d’une pince à linge, l’érotisme renvoie à la maternité...