L’Avenir du maoïsme

À lire la presse, le maoïsme est mort avec la disparition de Mao. En réalité, il constitue une étape non dépassée dans la transformation socialiste du monde. Tant que la progression de celle-ci continuera à se faire à partir des périphéries du système capitaliste, la question de l’alliance ouvrière et paysanne, qui est au centre du modèle chinois, imposera des rapports marchands égaux entre la ville et la campagne, une hiérarchie tassée des salaires, le financement du développement non par une ponction prélevée sur les paysans (comme ce fut le cas en U.R.S.S.), mais par une industrialisation au service de l’agriculture. Trois modèles théoriques – socialiste maoïste, étatiste révisionniste, capitaliste périphérique – comme les expériences comparées de la Chine, de l’U.R.S.S. et de quelques autres pays, montrent qu’à trois systèmes politiques – pouvoir socialiste des ouvriers et des paysans, pouvoir despotique d’une bourgeoisie d’État révisionniste, pouvoir d’une bourgeoisie périphérique – correspondent trois types différents de développement des forces productives.
Mais le succès même de la construction chinoise de 1950 à 1980 pose aujourd’hui au maoïsme des questions inédites : il lui faut franchir une nouvelle étape, celle de la démocratie politique, condition nécessaire pour qu’un contrôle plus réel des travailleurs sur la gestion de l’économie ne soit pas sacrifiée à une efficacité illusoire – au moment précisément où, avec la révolte des ouvriers polonais, le révisionnisme entre peut-être dans sa phase de désintégration.