Michel Thévoz
L'Académisme et ses fantasmes
Le réalisme imaginaire de Charles Gleyre
1980
168 p., 24 illustrations in-texte
ISBN : 9782707303189
17.00 €
Nous avons coutume d’envisager la production académique comme une « peinture à sujets », idéologique par son contenu, transparente quant à sa forme. Il est vrai qu’elle affecte une exactitude photographique. Mais la photographie ne s’est-elle pas réglée d’emblée sur des normes académiques de représentation ? Pour prévenir toute pétition de principe sur une objectivité décidément introuvable, il convient de renverser la perspective, et d’envisager l’« effet de réel » lui-même comme le grand fantasme idéologique de notre culture. Rien n’échappe à l’impérialisme de la visibilité spéculaire. Ainsi, on parle de peinture « littéraire » à propos de l’académisme, dans le temps même où des analyses sémiologiques établissent que le code de référence de la littérature réaliste est toujours pictural. Cette présomption mutuelle d’objectivité que les arts plastiques et la littérature s’offrent tautologiquement procède effectivement d’un système de récurrence généralisée constitutif du mirage réaliste. La peinture académique peut être alors interrogée comme le paradigme grossissant de ce dispositif spéculaire - ce que tente ce livre, à propos du peintre Charles Gleyre. Son tableau Les illusions perdues, mettant en scène les rêveries d’un poète aveugle, a bouleversé le public du Salon de 1843. La cécité hystérique de Gleyre lui-même, dont les tableaux apparaissent comme autant de fantasmes substitutifs, traduit électivement ce qu’avec Sartre on pourrait appeler une « névrose objective ».
La réimpression de ce livre coïncide avec l’exposition sur Charles Gleyre qui se tiendra au musée d’Orsay du 10 mai au 11 septembre 2016.
Du même auteur
- L'Académisme et ses fantasmes, 1980
- Détournement d’écriture, 1989
- Le Théâtre du crime, 1989
- Le Miroir infidèle, 1996
- L’Esthétique du suicide, 2003
- L'Art comme malentendu, 2017
- Pathologie du cadre. Quand l'Art Brut s'éclate, 2020