Michel Thévoz
Détournement d’écriture
1989
Collection Critique , 128 pages, 32 illustrations hors-texte
ISBN : 9782707313096
13.15 €
Écrire et dessiner : c’est l’une des oppositions majeures de notre culture. L’écriture régie par le code linguistique, combine des signes arbitraires : l’image dessinée, réplique visuelle, met en œuvre des signes analogiques. Pourtant, l’une et l’autre ont la même visée représentative et procèdent d’une même pulsion. L’écriture typographique accrédite le sens par la neutralisation du corps de la lettre, et l’image, pareillement, renvoie à son objet par transparence mimétique : toutes deux fonctionnent par l’effacement de leur propre substance, par le refoulement de la pulsion graphique, et par une illusion référentielle.
De surcroît, l’image et le texte s’escomptent mutuellement et sont impliqués dans un commun stratagème. On dit de la peinture qu’elle est littéraire et de la littérature qu’elle est réaliste quand elles répondent pleinement à leur vocation représentative. Cela signifie qu’elles se renvoient l’une à l’autre, par alibi mutuel, comme en un jeu de miroirs. la présomption d’une référence objective. L’écrivain dépeint des tableaux, et le peintre confère aux apparences un sens intelligible. Ainsi fonctionne l’effet de réel. Or, il existe des créations intermédiaires, transversales, irrespectueuses de la partition entre le figural et le scriptural, qui ne se laissent donc enrôler ni par le code alphabétique ni par l’ordre mimétique, ni par le musée ni par le livre. Ces œuvres réfractaires à nos catégories, qui opacifient et exaltent le corps du signe, nous offrent une contre-perspective critique sur le stratagème de la représentation et sur nos références ontologiques.
Le présent ouvrage vise à faire ressortir la portée culturellement contestatrice de ce registre d’expression trop longtemps dévolu à la pathologie mentale. Il questionne la ségrégation inaugurale sur laquelle se fonde l’idéologie de la représentation. Et il analyse à titre d’illustration (ou plutôt d’anti-illustration) certaines création de Jean Dubuffet, de Reinhold Metz, de Louis Soutter ou de Johann Hauser, qui décomposent ou étalent en quelque sorte le spectre de la représentation entre l’écriture et la figure.
‑‑‑‑‑ Table des matières ‑‑‑‑‑
1. La nuit du logos – 2. Dubuffet le casseur de noix – 3. Louis Soutter ou la perversion du texte – 4. Les illuminations de Reinhold Metz – 5. Oswald Tschirtner ou la ligne générale – 6. Johann Hauser ou l’écriture illettrée – 7. Le monde héraldique de Josef Wittlich – 8. Passé simple et passé compliqué – Table des illustrations
Du même auteur
- L'Académisme et ses fantasmes, 1980
- Détournement d’écriture, 1989
- Le Théâtre du crime, 1989
- Le Miroir infidèle, 1996
- L’Esthétique du suicide, 2003
- L'Art comme malentendu, 2017
- Pathologie du cadre. Quand l'Art Brut s'éclate, 2020