Propositions


Michele Prandi

Grammaire philosophique des tropes

Mise en forme linguistique et interprétation discursive des conflits conceptuels


1992
Collection Propositions , 272 pages
ISBN : 9782707314093
22.40 €


Ce texte ne vise pas à fonder une nouvelle théorie des tropes, mais à ramener l’étude des tropes dans le courant central de l’étude linguistique des énoncés.
Les tropes partagent avec l’ensemble des énoncés linguistiques l’aptitude à articuler un signifié complexe. Ce qui les caractérise en tant qu’objets sémantiques spécifiques, c’est le caractère contradictoire de ce signifié. Loin de se traduire dans un défaut de structure qui les écarterait du territoire de la description proprement linguistique, cependant, la présence d’un conflit conceptuel confère aux tropes une structure sémantique plus complexe, qui demande un supplément de description. Valorisant l’autonomie réciproque des connexions linguistiques et des solidarités conceptuelles, la contradiction représente la pointe extrême du pouvoir de mise en forme des structures de la langue.
La première section du livre, consacrée à la mise en forme des tropes dans l’énoncé, explore successivement les conditions linguistiques de possibilité des contenus complexes contradictoires, la localisation des foyers tropiques dans la structure de la prédication, et la configuration formelle que le conflit conceptuel reçoit en fonction de sa valeur grammaticale. La deuxième section, consacrée à l’interprétation des tropes dans le discours, explore les connexions entre la structure interne des énoncés tropiques et la valeur discursive occasionnelle qu’ils reçoivent de leur collocation dans un texte ou dans un contexte donné, et notamment : le poids des facteurs occasionnels dans la mise en place des structures, la relation entre l’engagement conceptuel tendanciel du trope et l’accessibilité d’une interprétation substitutive, les contraintes imposées au développement inférentiel des tropes par leur configuration structurale. Entre les deux sections, un interlude de caractère méthodologique s’efforce d’expliciter les outils conceptuels permettant de justifier, à partir d’une description systématique des structures sémantiques, la variabilité imprévisible des valeurs discursives en fonction des coordonnées du champ d’interprétation. Il s’agit d’une problématique qui, si elle trouve dans les énoncés tropiques les conditions idéales en vue d’une formulation explicite, présente un intérêt plus général pour la sémantique linguistique.

‑‑‑‑‑ Table des matières ‑‑‑‑‑

Préface : Les tropes comme contenu sémantique – Introduction : Le champ tropologique.

I. La mise en forme dans l’énoncé : 1. Contenus complexes contradictoires – 2. Les tropes dans la structure de la prédication – 3. La forme interne du conflit conceptuel – Interlude : structure sémantique et interprétation discursive des énoncés.

Il. L’interprétation des tropes dans le discours : 1. La construction contextuelle du domaine tropologique – 2. Les manipulations substitutives entre structure et interprétation – 3. Le développement inférentiel des tropes : contraintes structurales.

‑‑‑‑‑ Extrait de l’introduction ‑‑‑‑‑

Comme la description sémantique des contenus complexes en général, la description sémantique des tropes est du ressort d’une grammaire élargie que nous pouvons appeler – en nous inspirant des grammairiens philosophes XVIIIe siècle – grammaire philosophique. Si une grammaire formelle  pure , a comme objet, d’après la suggestion de Husserl, les relations syntaxiques qui donnent forme aux signifiés complexes sans subir la pression des contenus conceptuels et de leurs solidarités internes, une grammaire philosophique se propose de maîtriser, dans leur altérité structurale comme dans leur continuité fonctionnelle, les facteurs hétérogènes, formels et conceptuels, systématiques et contingents, intervenant dans le cycle sémantique de l’énoncé, de l’articulation de sa forme syntaxique, à la mise en forme de son signifié unitaire, à son interprétation discursive. Une grammaire philosophique reconnaît à la grammaire formelle son domaine de compétence : l’articulation des structures syntaxiques nucléaires insensibles à la pression des contenus ; elle fait place aux solidarités entre contenus là où c’est leur intervention qui garantit la connexion des contenus atomiques ; et, finalement, opérant une transition du domaine des structures au domaine des événements discursifs, elle justifie l’aptitude des signifiés complexes à véhiculer des messages variables en fonction des champs d’interprétation occasionnellement pertinents. Dans cet esprit, l’étude des tropes ouvre un chapitre privilégié mais non séparé de l’étude sémantique de l’énoncé.


 




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