Romans


Claire Baglin

En Salle

Prix François Mauriac


2022
160 pages
ISBN : 9782707347985
16.00 €
20 exemplaires numérotés sur Vergé des papeteries Schleipen.


Dans un menu enfant, on trouve un burger bien emballé, des frites, une boisson, des sauces, un jouet, le rêve. Et puis, quelques années plus tard, on prépare les commandes au drive, on passe le chiffon sur les tables, on obéit aux manageurs : on travaille au fastfood.

En deux récits alternés, la narratrice d’En salle raconte cet écart. D’un côté, une enfance marquée par la figure d’un père ouvrier. De l’autre, ses vingt ans dans un fastfood, où elle rencontre la répétition des gestes, le corps mis à l’épreuve, le vide, l’aliénation.

En salle a reçu le Prix François Mauriac 2023. 

ISBN
PDF : 9782707355478
ePub : 9782707355461

Prix : 8.49 €

En savoir plus

France Inter, Totemic, 16 novembre 2022
 
Ce matin, dans Totémic, une écrivaine qui vient de publier son premier roman : Claire Baglin. Elle a 24 ans et son livre s’intitule En salle. Elle y fait notamment le récit de son expérience d’employée dans la restauration rapide. Un sujet pas souvent traité dans la littérature française.

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Télérama, Nathalie Crom, 24 août 2022

Le monde du travail –, et avec lui « le corps des précaires », selon l’expression de l’historienne Arlette Farge –, constitue le motif et la matière de ce beau premier roman, d’une intensité maîtrisée, fermement contenue par une écriture d’une âpre et résolue précision. Claire Baglin y dépeint, au présent, à la première personne et par le biais d’une succession d’instantanés, le quotidien d’une jeune employée de fast-food. Dans cet enchaînement rapide et sans commentaire est enchâssé un autre fil narratif, pareillement elliptique et fragmenté : l’enfance et l’adolescence de la jeune narratrice, une dizaine d’années plus tôt, au sein d’une famille de la classe ouvrière – le père est agent de maintenance dans une usine, insensiblement rongé par ce travail dont il est par ailleurs si fier.
L’arrêt au fast-food, sur la route du retour des vacances, était jadis une cérémonie festive pour la fillette et son frère : « Maman dit attendre mais c’est trop tard, Nico est déjà parti. Il se fraie un passage entre les gens, les écarte avec ses petites mains, pousse les rangées de jambes et les sacs tenus à bout de bras. Nico profite des brèches et je file derrière lui. » Désormais non plus trépignant devant le comptoir, mais travaillant derrière, la narratrice raconte : l’entretien d’embauche (« il attend que je parle d’honneur d’intégrer une équipe, d’intérêt pour, d’aptitude à »), les protocoles, les plannings, la pointeuse, le bruit des machines à milk-shake, la hiérarchie du personnel (les « manas », comprenez managers, et les « équipiers ») et des postes, entre le drive, le travail « en salle » (« le royaume dont personne ne veut ») ou devant les friteuses. Partout, la répétition des gestes et la vacuité. Le tableau est clinique, mais empreint d’un tangible mélange d’ironie et de sourde révolte, dans lequel fermente la critique sociale, la dénonciation de l’aliénation.



Le Monde
, Florence Bouchy, 2 septembre 2022

Royaume du burger
Le fast-food, une fête pour l’enfant, un job d’été pour la jeune femme. « En salle », premier roman maîtrisé de Claire Baglin.

Enfant, elle jouait à la marchande. Ouvrait et fermait avec fierté le tiroir de la caisse enregistreuse qu’on lui avait offerte. Elle refusait de faire crédit à son petit frère s’il n’avait pas assez de faux billets pour payer sa consommation fictive. « Tu as bu le granité donc tu payes, lui disait-elle, sinon j’appelle la police. » L’été de ses 20 ans, la narratrice d’En salle travaille dans un fast-food. Et ce n’est plus un jeu.
Dans ce premier roman remarquablement maîtrisé, Claire Baglin, née en 1998, décrit le caractère répétitif et aliénant que peuvent avoir des tâches accomplies sans autre but que d’assurer la productivité du travail. Elle peint ces cuisines où « personne ne cuisine » mais où on « manipule l’équipement de production ». Les gestes y « sont les mêmes que ceux des équipiers d’il y a vingt ans ». Elle le fait sans colère apparente, mais avec une légère distance ironique, qui suffirait à hisser son évocation de la cuisson des frites au rang de scène d’anthologie.
Mais la richesse du texte tient aussi à la mise en regard des souvenirs d’enfance de la narratrice avec le quotidien dont elle fait l’expérience dans cette chaîne de restauration rapide. A sa manière de créer des échos discrets entre les préoccupations et les modes de vie d’une famille aux revenus modestes, pour qui une sortie au fast-food était une fête, et la perception qu’elle a du travail au royaume du burger. De sorte qu’on ne sait jamais vraiment si la jeune femme relit son enfance à la lumière de son asséchant job d’été, ou si elle décrypte le monde du travail à l’aune de sa propre trajectoire sociale. Cette ambivalence du roman permet au récit d’échapper à toute tentation assertive : le lecteur tirera lui-même ses conclusions, puisque la narratrice se garde bien d’énoncer quelque thèse que ce soit.
La seule chose dont elle soit certaine, c’est qu’à tout prendre, parmi les différents postes auxquels elle peut être affectée chaque jour, la cuisine est un moindre mal. « Je ne redoute que la salle et le vide qu’elle crée en moi, dit-elle. Aux frites, l’automatisme m’empêche de réfléchir. » car sous l’apparente assurance que lui donne son ton détaché, et derrière l’illusion de maîtrise produite par le dispositif romanesque, se laissent entendre une inquiétude, un tremblement, dont on pressent qu’ils alimentent le désir d’écriture. Dire la pauvreté émotionnelle, relationnelle et intellectuelle qui la consterne lorsqu’elle travaille au fast-food, n'est-ce pas, pour Claire Baglin, interroger la valeur du monde dans lequel elle a grandi ?




L’Humanité
, Sophie Joubert, 2, 3 et 4 septembre 2022

Ce que le travail fait au corps
Diplômée d’un master de création littéraire, Claire Baglin a grandi en Normandie auprès d’un père ouvrier et d’une mère travaillant dans le social. Dans En salle, elle relie l’autobiographie l’usine et le fast-food

Le petit bureau, qui fut celui d’Alain Robbe-Grillet, sent encore la peinture. À travers les cloisons fraîchement ripolinées, on entend la voix du nouveau capitaine des éditions de Minuit, Thomas Simonnet, qui a succédé à Irène Lindon après la vente de la maison au groupe Gallimard. Avec son allure d’oiseau tombé du nid, ses lunettes rondes de bonne élève, Claire Baglin, 24 ans, inaugure la première rentrée littéraire de la nouvelle ère de la maison d’édition de Samuel Beckett et des auteurs du Nouveau Roman. « Minuit m’intéressait pour ses convictions, son exigence, son lien avec les auteurs, son catalogue. J’avais lu Robert Linhart, l’auteur de l’Établi , Charlotte Delbo, les premiers Beckett… » confie la jeune femme droite dans ses bottes, respectueuse sans être écrasée par le poids de l’histoire.

Deux époques et deux regards
Si sa démarche littéraire est très différente de celle de Robert Linhart et des autres écrivains établis en usine dans les années 1970, comme Leslie Kaplan, qu’elle a aussi lue, le travail, ce qu’il fait au corps, est au centre d’En salle. Alternant deux époques et deux regards, Claire Baglin tisse les souvenirs d’une enfant de 8 ou 9 ans, fille d’ouvrier, et le quotidien de l’adulte qu’elle est devenue, employée en CDD dans un fast-food. « Au départ, je voulais écrire sur l’usine et sur mon père, qui fait de la maintenance dans une usine de pièces automobiles. J’ai passé des étés à la questionner et l’enregistrer, je me suis beaucoup intéressée à la littérature prolétarienne. Puis je me suis rendu compte qu’il était impossible de remplacer l’expérience de l’usine par des lectures ou des témoignages, que ce n’était ps le bon angle. »
Entre ses deux années au master de création littéraire du Havre, elle travaille pendant trois mois dans un fast-food : « Je ne l’ai pas fait pour recueillir un matériau d’écriture, c’était mon travail. À la rentrée, je n’arrivais pas à écrire sur autre chose. Un parallèle s’est effectué avec son père qui ne comprenait pas pourquoi, alors que j’avais suivi une classe préparatoire et des études de lettres, je faisais un « boulot de merde ». Le parallèle entre l’usine et le fast-food est né de ça, plus que de la notion de chaîne ou de la répétition des gestes. »
Née à La Ferté-Macé, dans l’Orne, Claire Baglin grandit en Normandie entre des parents prénommés Jérôme et Sylvie, comme dans les Choses de Georges Perec, « un heureux hasard » qui projette le livre dans l’imaginaire des débuts de la société de consommation. À l’école primaire, elle écrit des romans que corrige sa mère, puis tient un journal pendant ses années de collège. Après un bas littéraire, elle s’installe dans une ville d’Indre-et-Loire, où se trouve le fameux fast-food, pour suivre ses études supérieures. Après sa licence, à un moment de flottement où elle n’a pas « tout à fait découvert la littérature », elle entend parler du master du Havre. En parallèle, affectée par la solitude et les confinements successifs, elle gagne sa vie comme libraire puis, à la fin de sa deuxième année, retourne au fast-food. « J’ai voulu répondre à un accès nostalgique, une sorte de tendresse vis-à-vis de ce travail, en me disant que ce n’était pas si mal. J’ai dû poser un jour de congé pour soutenir mon mémoire, j’ai reçu l’appel de l’éditeur dans le vestiaire du fast-food. C’est devenu compliqué. Mais je me disais que j’étais peut-être faite pour ça, la répétition, la rapidité des gestes qui se sent peut-être dans l’écriture. Ce drôle de moment a encadré le roman. »

Archiviste et compulsive
Diplômée depuis un an, elle travaille dans un magasin de meubles où elle vend des canapés. Un choix mûrement réfléchi qui lui donne une stabilité financière pour continuer à écrire : « Je suis à temps plein dans de bonnes conditions, c’est important. J’ai toute ma tête quand je rentre chez moi, contrairement au fast-food qui ne me laissait pas tranquille. Je passais des commandes dans mon sommeil. Avoir un métier, pour un écrivain, permet d’enrichir la littérature. Ça fait une coupure et ça me permet de vérifier que je pense. » Archiviste compulsive, Claire Baglin a gardé une photo d’elle à 8 ou 9 ans portant l’uniforme de travail rouge de son père : « Cette image a clarifié ce que je voulais faire et d’où je parlais : une fille qui se déguise et dit des mensonges. » Ces mensonges sont l’autre nom de la fiction, le petit pas de côté qui transforme les souvenirs en roman.



Diacritik, Christine Marcandier, 5 septembre 2022





Le récit de Claire Baglin, En salle, qui vient de paraître aux éditions de Minuit, déploie des séries de deux côtés : l’enfance et l’âge adulte, l’usine et le fast-food, au sein de l’empire des frites la salle et le drive, et, quel que soit l’espace, un écart, un pas de côté qui refuse à l’histoire tout manichéisme ou sentiment sans partage. Il est rare d’entendre une voix aussi originale et aussi posée dès un premier roman. Celle de Claire Baglin s’impose, comme héritée du récit social mais brûlante d’une singularité farouche et quasi insaisissable.

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Diacritik, Johan Faerber, 1er septembre 2022




Pour une révélation, c’est une révélation : En salle, premier roman de Claire Baglin aux éditions de Minuit, s’impose comme l’une des belles découvertes de cette rentrée. Dans une langue sèche et mesurée, le récit croise le double fil de souvenirs d’enfance puis d’adolescence d’une jeune femme qui, bientôt, travaillera dans un fast food. Récit sur le travail, récit travaillé par la valeur du travail, En salle offre, dans le sillage des récits de Leslie Kaplan, Robert Linhart et Thierry Metz, une saisie de l’aliénation et de l’exploitation dans l’usine à burgers. Pour la dénoncer mais peut-être par-dessus tout pour en garder trace, nous confie la jeune romancière dans un grand entretien que Diacritik n’a pas manqué de susciter pour saluer la parution de ce roman remarquable.

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Elle
, Virginie Bloch-Lainé, 15 septembre 2022

« En salle » : ce titre qui peut sonner comme un ordre désigne un lieu, un métier, une condition sociale, un enfer.

Mais Claire Baglin, née en 1998, ne cède jamais à la déploration ni à la dénonciation. Sa méthode et son talent résident dans des descriptions précises et succinctes à la fois. Elle est une orfèvre des non-dits. La salle en question est celle du fast-food où la narratrice travaille pendant ses vacances. L’entretien d’embauche est raconté dès les premières pages : le « regard narquois » du directeur, ses questions piégeuses et la feuille sur laquelle il liste ses qualités donnent au lecteur l’impression d’y être. Elève d’un atelier d’écriture au Havre, Claire Baglin décrit en alternance le présent – le quotidien au travail, ses collègues, les managers que l’on surnomme les « manas » - et le passé au cœur duquel se trouve le père de la narratrice. Il s’appelle Jérôme, il est ouvrier. Le fast-food et l’usine ont des points communs : ici et là, la peau rougit ou se décolle ; la fatigue pèse lourd. Mais, ni la narratrice ni son père ne sont désespérés. Jérôme a une sacoche en cuir qu’il lâche rarement. Lorsqu’il déjeune au restaurant avec sa femme et ses deux enfants, « toutes les cinq minutes », il répète : « Alors, vous êtes contents ? » Il a envie qu’ils le soient. Quand il répare quelque chose, « il se blesse toujours avant de réussir, comme si la cassure devait passer de l’objet à son corps pour disparaître ». Ces instantanés filent à toute allure. Ils suffisent à imaginer le reste, tout ce qui n’est pas écrit : le budget serré des parents épuisés mais aimants, la violence des chefs, qu’ils soient des hommes ou des femmes. Quel admirable roman.



France Culture, Par les temps qui courent
, 17 octobre 2022
France Culture — Wikipédia 
Entretien avec l'autrice Claire Baglin qui publie En salle, son premier roman, aux Éditions de Minuit.

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France Culture, Répliques, 11 février 2023
France Culture — Wikipédia 
Conversation avec deux romancières qui évoquent leurs origines et font revivre les scènes de leur enfance.

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Livres Hebdo n° 23, Olivier Mony, septembre 2022

Vingt fois sur le métier

Claire Baglin offre avec En salle un premier roman virtuose sur l'aliénation par le travail et la douleur de la classe ouvrière.

Le monde du travail, son aliénation, est un peu le parent pauvre du champ littéraire français contemporain. Pourtant quelques livres brillent à ce sujet d’un éclat noir et persistant. Il y eut dernièrement À la ligne (La Table Ronde, 2019) du regretté Joseph Ponthus, L'excès-L’usine (P.O.L, 1987) de Leslie Kaplan, et auparavant encore, le plus beau de tous peut-être, constat terrifiant de l’échec d’une génération, L’établi (Minuit, 1978) de Robert Linhart. Sur un identique registre générationnel et chez le même éditeur, on serait volontiers enclin à considérer En salle, le très réussi premier roman de Claire Baglin, comme susceptible de faire date lui aussi, par la grâce d’une écriture admirable de force et de précision mêlées, lourde de colères tues. C’est donc l’histoire d’une enfant, d’une fille, d’une jeune femme. Une vie, deux récits alternés et douloureux qui ne vont cesser de se répondre, chambres d’échos d’une même violence, d’une humiliation comparable. Il doit y avoir entre ces deux récits une dizaine d’années d’écart, peut-être moins. C’est-à-dire qu’il y a d’abord cette gamine prisonnière de l’exaltation borderline de son jeune frère et des rêves déjà fracassés de ses parents. L'horizon au mieux est celui des fastfoods les dimanches de retour de rares vacances, celui des campings, des voitures aussi fourbues que ceux qui les conduisent, du matériel de seconde main que l’on s’échine à vouloir réparer, des offres publicitaires et promotionnelles précieusement gardées. Pas de misérabilisme chez Claire Baglin pour dire ce père ouvrier, cette mère empêchée, juste un rapport circonstancié teinté d’une tristesse diffuse.
Son héroïne, on va la retrouver à l’heure de ses vingt ans. Il est question de gagner sa vie, sans doute de payer ses études. Elle est embauchée dans un fast-food loin de la joie qu’enfant elle avait à en être parfois cliente. Il n'y a rien dès lors dans son existence que rituels, soumission aux formes les plus extravagantes du taylorisme, répétitions à l’infini, absence à soi et au monde et une infinie fatigue. L’infantilisation, la violence d’un exercice stupidement vertical du pouvoir, l’aliénation partout, pour tous. Les vrais lecteurs savent que le texte est toujours plus fort que ce qu’il évoque, que le sujet ne vaut que par l’écriture qui en témoigne. Celle de Claire Baglin impressionne par sa frontalité et sa justesse.



L’Express
, Marianne Payot, 4 décembre 2022

La frite, c’est sa madeleine, son élixir d’enfance ; excitée comme tous les gamins du monde, elle les chérissait, ces frites grasses avalées au fast-food les dimanches de fête ; puis vint un jour où elles prirent la couleur du labeur, celui du corps-à-corps avec les panières et l’huile bouillante. D'un fast-food à l’autre, des plaisirs familiaux au job d’étudiante. C’est à partir de ses souvenirs discordants que Claire Baglin, née en 1998, brode son premier roman, tout en sobriété et sensibilité. Sensibilité pour le père, le candide Jérôme, roi de la récup aux revenus très modestes et à la fibre ouvrière ; sensibilité aussi pour raconter le travail stakhanoviste des forçats « polyvalents » du burger et des nuggets. Claire Baglin enchaîne les allers-retours dans le temps, passe du quotidien paternel à ces heures passées sous le regard des managers de la chaîne de restauration rapide. Et bientôt, par de subtiles associations, leurs destinées se rejoignent, leurs maux se croisent. Tout comme le regretté Joseph Ponthus, l’auteur d’A la ligne. Feuillets d’usine, Claire Baglin, aujourd’hui vendeuse de canapés à Tours, a un don pour faire parler les machines et évoquer l’automatisme des tâches. Des scènes se distinguent : l’entretien d’embauche de la narratrice, le rythme effréné du drive, la détestation de la salle, la cuisson des frites, les vacances familiales en camping, la visite à l’ancien acteur André Treton, le Lebrac de La Guerre des boutons, la médaille du travail de Jérôme et… son accident du travail. De quoi vous éloigner à jamais des fast-foods.



 

The Times Literary Supplement, Ruth Cruickshank, 17 février 2023

McJobs

With En Salle, twenty-two- year-old Claire Baglin joins the ranks of Samuel Beckett, Marguerite Duras, Alain Robbe-Grillet, Marie Ndiaye and Jean-Philippe Toussaint as an author at Éditions de Minuit. A debut novel set in a fast-food restaurant might seem out of place in such high literary company, or perhaps indicative of the publisher’s changing outlook: Minuit was bought by Gallimard in 2021. Yet Baglin’s is a sophisticated new voice exploring the French working-class experience and the ways in which language may express its precarious specificities.
By means of a family story En Salle explores examples of laborious alienation. Baglin deftly uses empathy, humour and a distanced perspective to share the effects and affect both of the narrator’s temporary job and of her father’s years on a shop floor. “En salle” (“indoors”) describes table service in the restaurant, but the homophone “sale” suggests dirty work. Other restaurant roles played by the narrator also provide narrative structure: at the frying station, the ersatz café and the drive-through window (a “plum” job) where she hands out food and shouts at delivery drivers.
The first-person narrative is interspersed with reported speech in a tragicomic patois that underscores the absence of camaraderie and the bullying by managers. Baglin’s novel contrasts two mentally and physically damaging workplaces characterised by frenzied behaviour, malfunctioning machinery and clothing regulations. Skin from the narrator’s hands is sloughed by cleaning products, rasped by salt and injured by frying equipment. Her father’s hands - with black nails - close the circuit for an electric shock carefully reimagined in all its pain and shame.
Alarming sounds and actions contrast with the narrator’s more lyrical childhood recollections of play-fighting with little brother Nico or dangling headfirst off the sofa. And unsung female labour is given its due: her mother times meals to suit her husband’s rota while trying both to soothe his distress and to shield her children from it. Yet work dominates everything. A McJob interview brings to mind a shame-filled visit to a fast-food outlet on a camping holiday long ago, and we see, in fine detail, the small apartment of her youth, crammed with recycled “finds” from which she tries to keep her own childhood things separate. It’s not clear, by the end of En Salle, whether the cycle of exploitation has been broken or not. But a hoard of memories has certainly been deployed to great effect.



 

 

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