André Bouyala d’Arnaud
Évocation du vieil Aix-en-Provence
1964
328 pages, 3 plans et 10 illustrations in-texte
ISBN : 9782707302717
30.50 €
‑‑‑‑‑ Introduction ‑‑‑‑‑
Après avoir longtemps somnolé au murmure des fontaines, Aix-en-Provence s’est réveillée dans son berceau de collines bleues. Ville de pensée et d’art, c’est un salon, une université, un musée, une prestigieuse salle de concerts ; et ses thermes donnent à son aspect aristocratique une fantaisie de ville d’eaux. Les vieux hôtels sont patinés par les ans ; à leurs portes sculptées pendent encore de lourds heurtoirs. Les escaliers ont des rampes en fer forgé. Les boudoirs sont ornés de gypseries. Les salons possèdent des meubles et des cheminées d’un beau style, de merveilleux plafonds et des tableaux signés parfois Largillière et Rigaud. Sous les lustres, devant les grands portraits d’ancêtres, évolue une société polie, aimable, que le temps n’a pas trop modernisée. Le langage est choisi, les manières élégantes ; une ironie fine égaye les conversations, la moindre anecdote est contée avec esprit. Les glaces reflètent les mêmes choses, les mêmes familles depuis deux siècles. À Aix rien n’est vulgaire. Comme à Florence on reconnaît dans les visages modernes les visages du passé, que nous ont transmis les portraits des salons ou du musée.
Aix, avec son Parlement, fut une capitale des plus brillantes. Elle n’était pas une imitation servile de Paris, puis de Versailles ; elle avait sa physionomie particulière, car, à la politesse française, à la politesse de cour, elle joignait la lumière, le ciel bleu et la gousse d’ail. Il y a eu, certes, chez elle des éléments importés, mais elle les a provençalisés. Et, quand les vieilles pierres dorées veulent bien raconter leur histoire, on entrevoit une existence à la fois fastueuse et bonne femme. Pour cela il suffit de se promener dans la ville, au matin d’abord, lorsque le soleil illumine les frontons, comme l’intelligence illumine les fronts, à l’heure glorieuse de midi, puis au soir, quand les rayons du couchant donnent aux façades des tonalités de chair.
Aix a des beautés qu’il faut savoir découvrir au hasard de la flânerie ; toutes les rues, toutes les places offrent des surprises : une porte, un balcon, une fenêtre, une fontaine, un puits, un saint dans une niche, un mascaron grimaçant ou une tête de nymphe, des colonnes, tout cela patiné par le temps, doré par le soleil.
De quoi est fait le charme d’Aix ? a écrit Émile Henriot. Ma foi ! Je crois que, d’abord, c’est d’y être et de s’y abandonner à l’occasion... Nulle part en France, et peut-être de par tout le monde, la séduction du passé n’agit plus activement sur l’esprit que dans l’aimable Aix-en-Provence... De sa fortune d’autrefois, Aix conserve, en ses monuments, ses hôtels, ses jardins, ses fontaines, son musée, sa bibliothèque, un souvenir vivace et maint émouvant témoignage. Ici les révolutions, la politique, les catastrophes, les vandales n’ont, semble-t-il, pas eu de prise ; et jus qu’à présent, grâce au ciel, la cité du consul Sextius et du roi René, refaite au Grand Siècle sur un plan nouveau, est demeurée fidèle à elle-même... Cette petite ville (pas plus large qu’une tabatière, disait Mirabeau) nous apprend que la grandeur n’est pas une affaire d’espace et d’insolite dimension. Une grandeur aisée émane d’elle... Une vie imaginaire continue d’animer, de remplir les fastueux décors.
Y a-t-il beaucoup de villes en France qui aient aussi bien vieilli ? , demande Jean-Louis Vaudoyer. Et Stendhal prétend que celle-ci est la plus amoureuse de France .
Le présent ouvrage est une évocation d’Aix, depuis sa fondation en 122 avant Jésus-Christ, jusqu’au milieu du XIXe siècle. Évocation du Vieil Aix porte son titre. Mais, en fait, le vieil Aix est partout dans cette ville ; il est dans la vie de tous les jours, tout comme l’art qui était autrefois une expression naturelle dans les ouvrages des corporations.
Comme nous l’avons fait dans notre Évocation du Vieux Marseille, nous étudierons la ville dans ses quartiers, dans ses rues, dans ses maisons, avec l’intention d’en donner l’atmosphère, toute d’élégance et de charme.
Arles où rien n’est vulgaire , a écrit Maurice Barrès. En parlant d’Aix on pourrait dire : Aix où rien n’est sans charme .
Comme dans notre Évocation du Vieux Marseille, également, nous avons exclu du récit les notes de référence, afin de le rendre plus vivant et de lecture aisée. Nous indiquons en outre au lecteur que les noms de rues et de monuments disparus sont portés en italique dans le texte, ainsi que les noms anciens des rues encore existantes.
Enfin, les descriptions intérieures des maisons particulières sont données sans garantie d’exactitude actuelle, car leur ordonnance a pu être modifiée par les propriétaires.
André Bouyala d’Arnaud
‑‑‑‑‑ Table des matières ‑‑‑‑‑
Introduction – Chapitre I : L’histoire d’Aix – Chapitre II : Généralités – chapitre III : Le bourg Saint-Sauveur – Chapitre IV : La ville comtale – Chapitre V : Autour du couvent des Augustins – Chapitre VI : Entre l’Hôtel de ville et le Palais Comtal – Chapitre VII : Autour de la place des Prêcheurs – Chapitre VIII :Entre la place des Prêcheurs et le boulevard extérieur – Chapitre IX : Le cours Mirabeau – Chapitre X : Le quartier Mazarin – Chapitre XI : Les boulevards extérieurs – Chapitre XII : Les environs d’Aix – Index – Table des illustrations et des plans