Philosophie


Revue Philosophie

Philosophie n° 151 : Maurice Blanchot


2021
96 pages
ISBN : 9782707347312
11.00 €

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Les références, parfois très allusives, de Blanchot à des auteurs comme Husserl, Heidegger, Sartre, Merleau-Ponty, Levinas et Derrida, ainsi que son approche spécifiquement littéraire de la question de la phénoménologie (de sa tâche, de ses horizons et de ses limites) laissent penser que pour Blanchot, le rapport entre phénoménologie et littérature n’est pas seulement accidentel, mais pourrait constituer une critique du projet phénoménologique ou même en ouvrir de nouvelles voies d’élaboration. En effet, le rapport de Blanchot à la phénoménologie est présent dès ses premiers ouvrages et se rapporte explicitement à la question de l’écriture. Paradoxalement, tandis que d’un côté, pour Blanchot écrire c’est se rapporter à ce qui se soustrait au domaine du sens et donc à ce qui ne peut être constitué comme phénomène, d’un autre côté, il affirme dans L’Entretien infini que l’une des caractéristiques principales de la littérature est de « poursuivre indéfiniment l’épochè, la tâche rigoureuse de suspendre et de se suspendre », et ainsi de nous rapporter à la question de la constitution du sens. Comment comprendre cette référence explicite à la méthode phénoménologique ? La radicalité de l’épochè en jeu dans la littérature, la tâche de « suspendre et de se suspendre » barre-t-elle tout accès au sens et implique-t-elle ainsi une destruction du projet phénoménologie ? Ou bien, si c’est le sens comme possibilité qui est en question avec la littérature, celle-ci n’implique-t-elle pas une autre description du projet phénoménologique et de la conscience dans son rapport au monde et au langage ?
Ce dossier inclut des articles de Danielle Cohen-Levinas, Maud Hagelstein, Dorothée Legrand, Aïcha Liviana Messina, Jean-Claude Monod et Étienne Pinat, ainsi qu’une lettre inédite de Maurice Blanchot à un destinataire inconnu dans laquelle il évoque son « amitié intellectuelle » pour Heidegger, qu’il qualifie principalement d’écrivain. En revenant sur la façon dont Blanchot entre en dialogue, de façon implicite ou explicite, avec les œuvres de phénoménologues tels que Husserl et Heidegger, ce dossier explore principalement ce qui destine la phénoménologie à la question de l’écriture et à la réflexion sur la littérature.

Aïcha Liviana Messina

 

Robert Maggiori, Libération, 2 octobre 2021

Fondée en 1984 par Didier Franck et Pierre Guénancia, aujourd’hui dirigée par Dominique Pradelle, la revue Philosophie non seulement continue son chemin, malgré les difficultés, mais s’impose comme référence. La présente livraison, coordonnée par Aïcha Liviana Messina, est consacrée à Maurice Blanchot, lequel cite maintes fois Husserl et Heidegger, Sartre, Merleau-Ponty, Levinas ou Derrida, et que citent de nombreux philosophes contemporains. Le thème n’est pas tant celui des rapports entre littérature et philosophie, que celui du statut phénoménologique de l’écriture : statut paradoxal, puisque pour Blanchot, écrire, c’est se rapporter à ce qui fuit sans cesse le domaine du sens et ne semble donc pas pouvoir se constituer en « phénomène ». Contributions de Maud Hagelstein, Etienne Pinat, Dorothée Legrand, Jean-Claude Monod et Danielle Cohen-Levinas. Le dossier inclut une lettre de Blanchot, où est évoquée son « amitié intellectuelle » pour Heidegger – qu’il « qualifie principalement d’écrivain », précise Aïcha Leviana Messina.

 

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