Romans


Pierre-Sébastien Heudaux

Nos plaisirs


1983
104 pages
ISBN : 9782707306524
6.25 €


Capo, père de famille nombreuse, contraint ses enfants (que des garçons) à se prostituer aux habitants de Barbecoul. Nos héros – tous homosexuels, pédophiles, coprophages, sado-masochistes et héroïnomanes – ne sont pas dépourvus de tares réelles, comme l'aigreur, l'avarice ou la malveillance. En vérité, leur méchanceté de pensée est même un élément moteur du roman : elle introduit dans l'écriture un humour que discerneront peut-être quelques esprits libres, peu habitués à ce qu'un livre dit érotique traite la sexualité avec tant de mauvais sentiments et si peu d'imparfaits du subjonctif.
Car c'est bien là la plus grande provocation de Nos plaisirs. Si, aujourd'hui, les lecteurs sont prêts à s'intéresser à la sodomisation des jeunes garçons (qu'elle soit obtenue par l'argent ou la violence), l'amour fou des excréments, le plaisir du fouet et des chaînes et la passion de l'héroïne, leur tolérance est quand même limitée : admettront-ils qu'on leur en parle sur ce ton ?

Jean-François Josselin (Le Nouvel Observateur, 1983)

 Les horreurs de M. Heudaux sont distillées avec un humour corrosif et pervers qui fera la joie des lecteurs (très) avertis. D'autre part, dans ce chapelet d'obscénités, il y a en fait un fameux goût de la liberté, une attaque en règle contre les tartuferies morales et une insolence dans le ton qui nous change de la littérature homosexuelle souvent un peu gémissante. L'horrible M. Heudaux n'a peur de rien, il jongle et joue avec ses pulsions sans complexe et surtout sans faire appel aux psychanalyses larmoyantes d'usage. Le vilain petit M. Heudaux, fier de sa perversion, ne serait-il pas plus sain que son prochain ?
Et puis il y a ce miracle qu'est la découverte d'une nouvelle écriture, d'un nouvel écrivain. Beckett et Marcel Aymé – un couple difficile à imaginer, non ? – se sont penchés sur le berceau de l'abominable M. Heudaux. Ça donne un texte vif, drôle, très moderne, très “ rap ”, comme on dit à la radio, qui entraîne les mots et les choses dégueulasses dans une ronde effrénée. Ce qu'on s'amuse chez le dégoûtant M. Heudaux ! Mais au fond ça, on le savait déjà : l'antichambre de l'enfer est un endroit très gai. 

Daniel Rondeau (Libération, 1983)

 De Robbe-Grillet à Tony Duvert en passant par Hervé Guibert. Comme si quelques-un des auteurs des Éditions de Minuit s'étaient penchés sur le bureau du jeune écrivain Pierre-Sébastien Heudaux, c'est-à-dire P.-S. Heudaux, c'est-à-dire Pseudo (...)
Le Petit Pseudo s'installe d'entrée de jeu parmi les meilleurs. Nos plaisirs est un livre de moraliste paradoxal extrêmement réjouissant. D'une écriture drolatique et malicieuse (peut-être trop pour être honnête). Hyper-réaliste dans ses descriptions de la bêtise et de la méchanceté. Avec ce premier livre, Pierre-Sébastien Heudaux a repris à sa façon l'anathème contre l'imbécillité lancé par Sade et Vailland : “ À bas les cons ! ” 

 

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