Gisèle Fournier
Non-dits
2000
160 pages
ISBN : 9782707317162
12.05 €
25 exemplaires numérotés sur Velin des papeteries de Vizille
Un après-midi d'été, Mathilde revient dans la maison de son enfance pour tenter de comprendre le drame qui s’est joué ici trente ans plus tôt. Tant de choses restent obscures : la mort de son père, l'infidélité de sa mère, la relation de Camille avec Thomas et, surtout, le rôle de sa tante Léa dans tout cela.
Ces vieilles pierres, qui n'abritent plus que des toiles d'araignées et un piano désaccordé, livreront-elles la clé de ce qui n'a jamais été dit ?
Marie-Laure Delorme (Journal du Dimanche, 3 septembre 2000)
Gisèle Fournier, un coup de poignard
Dès le début. Ce couple. Le silence et la violence. L'un semblant excuser l'autre. L'un semblant porter l'autre. Non-dits est un livre âpre. Dur et sec. Envahi par la chaleur, la langueur, la poussière. Une odeur écœurante de cadavre putréfié. Gisèle Fournier – économiste de formation née en 1953 – a écrit un premier roman classique. Proche de la tragédie antique. Où l'écriture ne surjoue jamais le drame. Alors, il faudrait pouvoir parler de Non-dits par la fin. Dire combien ce roman, une fois terminé, reste en nous d'une manière tenace et blessante. Comme une estafilade nette et rapide dont on ne sentirait pas la douleur sur le moment. Le livre, tout entier, exhale un mystère entêtant. Car on ne sait comment le coup de poignard a été porté. [...]
Non-dits est un roman polyphonique. Les différents protagonistes prennent, à tour de rôle, la parole en de longs et douloureux monologues. De Thomas (fils d'anciens métayers) à Léa (pensionnaire dans une maison de retraite). lis disent différemment la même histoire. Pièces éparses formant un tout. Gisèle Fournier a écrit un drame étonnamment maîtrisé. Son style est semblable à un masque. Chaque mot camoufle un sentiment. Car Non-dits est un livre sur les secrets de famille. Les mensonges, les trahisons, les abandons. Beau portrait de Mathilde. Qui a appris à supprimer, enlever, épurer autour d'elle (ce carnet d'adresses refait chaque année) ce qu'elle ne peut effacer, jeter, tuer à l'intérieur d'elle (cette tragédie familiale envahissant son être).
Dans Non-dits, Gisèle Fournier n'épargne personne. Tous sont coupables. Soudés dans le silence des lâches. Car, au bout de la route, il ne se trouvera personne pour vouloir entendre la vérité.
Jacques-Pierre Amette (Le Point, 8 septembre 2000)
Une femme revient dans la maison de son enfance. C'est une ruine entourée de bois. Les pièces vides sont des puits d'ombre. Dehors, le soleil, une chaleur orageuse. En errant dans ce silence crissant d'une journée d'été, le passé revient. Douloureux et diaphane, fantomatique, aqueux et lancinant. Des couples, des soirées, des nuits d'enfance. Construit en spirale, ce livre saturé de soleil et pétrifié apporte un ton juste, une grandeur solitaire et solaire. Il suffit parfois d'une image pour condenser l'ardente douleur d'un romancier et de son univers, ici une bassine rouillée dans les ronces. Il suffit de lire ces cent cinquante pages pour subir l'envoûtement d'une voix aux inflexions tremblées, dispersées, mauriaciennes. Une ferveur et une avidité. Le tragique de la mémoire prend ici sa source vive dans la bénédiction d'une enfance restée proche. L'alchimie littéraire, ensuite, transforme la paroisse morte du passé en une parole éphémère et vivante. Divin premier roman. L'orgueil de l'écriture, l'ampleur étranglée de son lyrisme, son errance enfermée surprennent. Jetez-vous dessus, malgré son titre abstrait et convenu.
Patrick Kéchichian (Le Monde, 15 septembre 2000)
Non-dits n’a aucun mal à retenir le lecteur. Et aussi à le convaincre que de quelques vertus littéraires – finesse d’analyse, sensibilité, intelligence des comportements et des sentiments -, peuvent encore naître de fort beaux fruits.
Daniel Rondeau (L’Express, septembre 2000)
La haine, le ressentiment et le mensonge par omission sont les seules joies qui semblent rester aux membres de cette famille. On pense aux premiers livres de Giono.