Propositions


Pierre Jacob

L’Empirisme logique

Ses antécédents, ses critiques


1980
Collection Propositions , 312 pages
ISBN : 9782707303035
22.71 €


En faisant une histoire des différents courants qui, à la fin du XIXe siècle, ont constitué ce qu’on appelle la philosophie analytique, Pierre Jacob veut démystifier l’impression dominante en France, que la logique est uniquement scolastique. L’ouvrage démontre, au contraire, comment elle éclaire certains problèmes philosophiques et il étudie le rapport qu’entretient la philosophie des sciences avec son contexte intellectuel et socio-politique.
L’auteur s’intéresse d’abord aux fondements de la philosophie analytique qui s’est développée en Grande-Bretagne au début du siècle, à travers les œuvres de Frege, Russel et Moore, puis la naissance du “ positivisme logique ” à travers Wittgenstein et le cercle de Vienne. Il s’intéresse ensuite à l’utilisation de la “ syntaxe logique ” par Carnap pour attaquer les prétentions de la métaphysique post-kantienne entre 1920 et 1930, au moment de la montée du nazisme. Et, l’auteur analyse ensuite la révolte contre l’empirisme qui a caractérisé la philosophie des sciences à la fin des années 1950 au moment où les philosophes se sont tournés vers l’étude historique des sciences.
Au terme de l’ouvrage, Pierre Jacob définit la naissance d’un nouveau courant d’inspiration réaliste qui prend forme dans les années 1970, en même temps qu’il étudie une nouvelle théorie de la référence linguistique, dite “ la théorie causale de la référence ”.
Tout en proposant une réflexion de synthèse sur la philosophie analytique, cet ouvrage donne aussi une image fidèle des théories étudiées. Et, sans être une histoire de la logique, il insiste sur son apport en épistémologie. Enfin, on ne peut exclure de L’Empirisme logique un aspect polémique : celui qui s’insurge contre l’attitude qu’ont longtemps eu les philosophes français face au mouvement analytique et contre les positions de Michel Foucault et de Louis Althusser.

Entre les deux guerres mondiales, l’empirisme logique se donna pour but de concilier le rôle de l’expérience dans la connaissance scientifique et l’existence des lois logiques. Ses représentants empruntèrent à Frege et Russell les techniques qu’ils venaient de créer et à Wittgenstein son interprétation des vérités logiques.
Depuis cinquante ans, leurs héritiers ont modifié à la fois leur idée de l’expérience et leur conception de ses rapports avec la logique. Et si, ainsi que le suggère Quine, l’adhésion de l’esprit humain à la logique classique était semblable à la croyance périmée dans le caractère euclidien de l’espace physique... Pourrions-nous encore penser dans une logique non classique ?
L’analyse aura fécondé le renouveau de l’empirisme. Elle en aura aussi dessiné les limites, au cours d’une histoire aussi mouvementée que l’histoire de l’Europe et des États-Unis au vingtième siècle.

‑‑‑‑‑ Table des matières ‑‑‑‑‑


Préface

Chapitre I. Le logicisme de Frege, Russell et Moore : 1. La répudiation de l’idéalisme et la défense de l’abstraction – 2. Le statut des propositions dans l’atomisme platonicien – 3. Dénotation chez Russell en 1903 et référence chez Frege – 4. Concepts et choses chez Russell en 1903 ; concepts et objets chez Frege – 5. La réalité des relations et la critique du monisme et du monadisme – 6. Pourquoi Russell et Moore croyaient-ils que la logique est synthétique ?

Chapitre II. La logique contre la métaphysique ou la naissance du positivisme logique : 1. Le legs de Russell : la théorie des descriptions et la théorie simple des types – 2. L’impact du Tractatus – 3. La formation du Wiener Kreis – 4. La syntaxe logique du langage selon Carnap – 5. Syntaxe et sémantique

Chapitre III. La libéralisation de l’empirisme logique : 1. L’induction et le  réductionnisme  – 2. La théorie vérificationniste de la signification cognitive – 3. La critique de l’opérationnalisme – 4. L’empirisme, le conventionnalisme et la théorie de la relativité restreinte – 5. Le dilemme du théoricien

Chapitre IV. Comment raser la barbe de Platon avec le rasoir d’Occam : 1. L’empirisme et le statut de l’ontologie – 2. Nominalisme, extensionnalisme et platonisme – 3. La réhabilitation de l’ontologie et la nouvelle régimentation du langage – 4. L’opacité référentielle et l’analyticité – 5. Quine et la doctrine linguistique des vérités logiques

Chapitre V. La naturalisation de l’empirisme : 1. Le  holisme  et l’empirisme – 2. Révocabilité et essentialisme – 3. Quine est-il conventionnaliste ? – 4. Les paradoxes de la confirmation inductive de Hempel et Goodman

Chapitre VI. La révolte contre l’empirisme : 1. L’idée d’une logique de la découverte – 2. Les  paradigmes  ne sont ni vrais ni faux – 3. La rationalité scientifique selon Popper – 4. La critique du modèle D-N d’explication et de la théorie empiriste de la réduction – 5. Les paradigmes sont-ils incommensurables les uns par rapport aux autres ? – 6: La signification du vocabulaire descriptif est-elle l’une fonction des croyances exprimées dans chaque théorie?

Épilogue. Le renouveau du réalisme : 1. Tarski et le réalisme – 2. La théorie causale de la référence

Bibliographie – Index

Robert Maggiori (Libération, 1980)

 Pierre Jacob, avec une remarquable rigueur, non seulement propose une histoire de l’empirisme logique, avec ses développements les plus critiques, mais dresse un véritable panorama de toute la philosophie analytique, y compris dans ses axes les plus récents. Un ouvrage de référence. 

(Les Nouvelles littéraires, 29 mai 1980)

 La philosophie empiriste est l’une des tendances philosophiques les plus importantes du XXe siècle. Malheureusement, elle ne trouve en France que des contempteurs dont le mépris n’a d’égale que l’ignorance massive dans laquelle ils maintiennent ses travaux et ses thèses. Définie, à tort d’ailleurs, comme exclusivement anglo-saxonne alors qu’elle comprend autant d’Anglais, comme B. Russell, d’Américains, comme W. V. Quine, que d’Allemands, comme R. Carnap ou d’Autrichiens comme M. Schlick, cette école ne se résume pas aux quelques points de doctrine par lesquels on la présente ordinairement.
Née à Vienne, d’une intransigeante lutte contre la métaphysique idéaliste ambiante, elle a conjugué l’analyse logique du langage et le respect strict de l’expérience. Son histoire que retrace le livre de Pierre Jacob, montre qu’elle n’a jamais cessé de se mettre en question. On s’aperçoit d’ailleurs que ce sont les empiristes eux-mêmes qui ont développé les critiques les plus minutieuses de leurs thèses. Enfin, l’empirisme n’a pas rencontré ce consensus, cette adhésion homogène que les ignorants lui prêtent. Tout au contraire, il a suscité des œuvres franchement anti-empiristes comme celle de K. Kopper ou celle de Th. Kuhn. 

 

Voir aussi

* Les représentations logiques sont-elles ambiguës, dans l’ouvrage collectif, La Grammaire modulaire (Minuit, 1986).
Traduction :
* Saul Kripke, La Logique des noms propres, traduit de l’anglais (États-Unis) par Pierre Jacob et François Recanati (Minuit, 1982).




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