Patrick Longuet
Lire Claude Simon
La polyphonie du monde
1995
Collection Critique , 160 pages
ISBN : 9782707315410
14.70 €
Le texte de Claude Simon est une respiration. Ses phrases réveillent une mémoire : l’essoufflement jusqu’au désordre de son corps projeté dans la guerre, rassemblé dans la sexualité, modelé dans l’écriture. Selon ce corps écrit, les matières élémentaires du monde se fondent dans le flux d’une parole ample et cadencée. Alors la voix dit la pluralité de la défaite et du renouveau, elle accorde à la précarité même la durée des pierres et de la terre ; en elle se succèdent, s’orientent les fragments remémorés d’une expérience et d’une culture. C’est la voix d’un peintre baroque, celle aussi plus grave d’un témoin, celle enfin du monde dans sa polyphonie splendide.
‑‑‑‑‑ Table des matières ‑‑‑‑‑
Respirer
Déroute, mise en doute
La guerre. Excès. Désordre et non-sens. Lignée – Dédoublements, duplicité. Redites. Expansions. Doublure – Précautions et probabilités. Le possible. Précaire référent. L’allégorie contingente, figure de l’inachevé – Un doute inventeur
Art primitif : art sophistiqué
Matières humbles. Matières premières. Matières primaires – Le corps : filtre et fondation. La chute. Direct pornographique. Présence du cadavre – Matière des mythes. Le théâtre des mythes. Semences. Vents empédocléens. Le chant d’un aveugle : Orphée et Orion – Une rhétorique scientifique
Un art de mémoire en quête de ses lieux
Vanités. Demeures : les stocks. Beaux-arts. Baroque. La page et le jardinier – Le don du corps. Flux. Souffles. Voix – La geste d’un mélancolique. L’humeur noire. Melancholia I : l’ange pesant. La circulation des humbles
Claude Simon Philalèthe
Bibliographie
(Le Monde, 1995)
Le sous-titre de cet essai indique le sens de la démarche de l’essayiste : voix, corps écrit, respiration, l’œuvre romanesque de Claude Simon, marquée jusque dans sa cadence, son souffle, par l’expérience traumatique de la guerre, témoigne de ce que Patrick Longuet appelle “ une défaillance majeure des repères et des codes ”. Cette “ déroute ”, cette “ mise en doute ”permanente dessinent une “ rhétorique de l’incertitude ”, que l’auteur de ce livre, avec exigence, s’attache à analyser.