Créé par Hegel, introduit en psychanalyse par Lacan réinterprétant Freud, puis oublié par lui, le travail du négatif a refait surface ces dernières années. André Green met en évidence le travail du négatif chez Freud sous des aspects auxquels on ne le rattache pas d’ordinaire : travail du rêve ou du deuil, identification, etc. Du point de vue clinique, on peut soutenir que le parcours freudien s’étend de la névrose comme négatif de la perversion , à ses débuts, au masochisme sous-jacent à la réaction thérapeutique négative qui témoigne du pessimisme des dernières années mais dont le mystère s’éclaire un peu quand on y reconnaît le style propre aux structures non névrotiques – les cas limites.
Le travail du négatif, tel qu’il est envisagé ici, regroupe les formes hétérogènes du refoulement, de la forclusion, du désaveu et de la négation. Il permet à la fois de saisir l’unité qui les rassemble et de reconnaître la marque de leur intervention en distinguant leurs effets, car ceux-ci sont les meilleurs repères de la structure du sujet et déterminent le sort de l’analyse.
Mais il faut se garder d’attribuer au travail du négatif un sens exclusivement pathologique. Le négatif, à travers le refoulement et la sublimation, marque la condition la plus générale : il est nécessaire de dire non à la pulsion en excès pour faire partie de la communauté des hommes. D’où vient que ce non devienne, chez certains, refus de vivre humainement sous l’empire d’une négativité destructrice ?
Table des matières
Pour introduire le négatif en psychanalyse – 1. Aspects du négatif : sémantique, linguistique, psychique – 2. Hegel et Freud : éléments pour une comparaison qui ne va pas de soi – 3. Traces du négatif dans l’oeuvre de Freud – 4. Pulsion de mort, narcissisme négatif, fonction désobjectalisante – 5. Masochisme(s) et narcissisme dans les échecs de l’analyse et la réaction thérapeutique négative – 6. Le clivage : du désaveu au désengagement dans les cas limites – 7. Le travail du négatif et l’hallucinatoire (l’hallucination négative) – 8. La sublimation : du destin de la pulsion sexuelle au service de la pulsion de mort – Sur un chemin de crête – Annexes – Références de publication.
Extrait de l'ouvrage
Les tenants du négatif en psychanalyse forment une famille dont les membres ne sont réunis par aucun lien organique. Ils se retrouvent sur une certaine manière de penser qui leur est commune. Il existe en effet, entre eux, comme une familiarité qui les fait se reconnaître d’emblée, non par rapport à une position doctrinale définie, mais par un tour d’esprit qui les identifie dans leur façon d’envisager les problèmes ou de chercher la voie la plus intéressante pour y répondre. C’est encore à travers la résistance qu’ils opposent à une autre catégorie de contradicteurs qu’on peut le mieux cerner l’ensemble qu’ils représentent, car rien ne serait moins évident que de soutenir qu’ils partagent des points de vue communs sur les réponses à apporter à certaines questions.
Il n’est pas facile de faire comprendre aux psychanalystes eux-mêmes à quoi répond la catégorie du négatif en psychanalyse, dont ils sont pourtant les témoins privilégiés. Lorsqu’on se sert des concepts en usage pour illustrer ce qu’ils comportent de références à une négativité patente ou allusive, on risque fort de redoubler la part d’abstraction inhérente à tout concept, et de contribuer ainsi à obscurcir davantage ce qu’on aurait voulu éclairer en le théorisant. Peut-être la difficulté majeure tient-elle à ce que la psychanalyse, à la différence de la philosophie, ne se situe pas sur le seul plan des idées – dont il est admis qu’elles possèdent leur cohérence et leur consistance propres et peuvent donc être considérées en elle-mêmes en se bornant au respect de la seule rigueur intellectuelle. L’approche psychanalytique, elle, se réfère toujours à une expérience qui se donne d’abord sous l’angle de sa positivité et des contraintes de celle-ci.
ISBN
PDF : 9782707337825
ePub : 9782707337818
Prix : 15.99 €
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Du même auteur
- Un œil en trop, 1969
- L’Enfant de ça, 1973
- Narcissisme de vie, narcissisme de mort, 1983
- Le Travail du négatif, 1993
- La Diachronie en psychanalyse, 2000
- Le Temps éclaté, 2000