En quelques scènes d'apparence anodine et sans que les conversations quittent jamais le ton des échanges tranquilles et quotidiens, quelque chose se noue sous nos yeux et va se dénouer dans la mort avant même que nous ayons pleinement pris conscience. Les apparences sont restées sauves et la surface de l"eau a déjà recouvré sa trompeuse limpidité. Mais, à travers la lueur d’une bougie, le grand air de La Bohême, un pique-nique en forêt ou les allées enneigées de Versailles, c’est d’un drame proprement confondant que ces pages nous font part.
Michèle Gazier (Télérama, 1 octobre 1986)
Tout commence dans une salle de bains, dans " une odeur de talc, eau de Cologne, savon à barbe, lavande… ” Germain et sa femme Clémence vont recevoir le patron de Germain. Tout se termine dans un cimetière : " Dans la poudreuse et aveuglante lumière de l'été ”.
L'univers de François Boutry, celui des silences, de l'attente, des mystères de l'être dans la simplicité du paraître, est transcrit avec une fidélité photographique. Et plus on avance dans la précision, plus on est aspiré par le vertige de l'étrange. Et comme la victime, le lecteur ne sait jamais dans quelle chausse-trappe il est tombé. Superbe !