Critique


Claude Reichler

La Diabolie

La séduction, la renardie, l’écriture


1979
Collection Critique , 240 pages
ISBN : 9782707302465
18.75 €


Ce livre est un essai sur le discours séducteur. L’auteur qui est né à Fribourg en 1946 et qui enseigne actuellement à la Faculté de lettres de Genève, a retenu le Don Juan de Molière, le Roman de Renart et les œuvres de Roland Barthes pour analyser les manières, les implications et les effets de ce discours.
En parcourant ainsi tout le champ de la littérature française du Moyen-Age à nos jours à travers trois moments culturels différents ; l’ouvrage se propose la construction d’une archéologie du signe, esquissée par l’étude de l’usage fallacieux du langage.
Le discours séducteur peut s’exercer dans toutes les occasions où il est fait usage du langage : en amour comme en politique, dans la rue comme dans la littérature. Il feint de respecter la loi contractuelle de la communication, mais en fait la dénature : il reproduit le modèle prescrit par l’institution linguistique sans assumer ses valeurs. Il présente ainsi à son destinataire un leurre dans lequel, par la fatalité de son désir, celui-ci se précipite : la victime d’un discours séducteur lui prête activement la main, témoignant de ce qu’on appellera un appétit de déception.
Mais le discours séducteur, dans les textes considérés, et selon son acception la plus forte, fait plus encore : il dénonce le processus contractuel de l’échange comme une supercherie destinée à faire triompher un pouvoir. En ce sens-là, il n’est plus seulement la parole d’un simulateur, il devient celle d’un révolté, mais d’un révolté qui n’a pour s’exprimer que les moyens du dévoiement et de la persuasion captieuse. Au carrefour de l’artifice et de la haine du Père, de la contrefaçon et du refus de tout modèle, ce discours rencontre son image tutélaire : la figure du Diable
Dans la mythologie occidentale, le Diable recueille les pulsions mauvaises, excite les forces obscures de l’homme. Il n’est pas question de cela dans ce livre, mais d’une autre concrétion mythique reçue par la démonologie chrétienne de manière plus souterraine : le Diable, nommé depuis son origine le Séducteur et le Simulateur, représente celui qui falsifie les signes, qui pervertit la rectitude du langage. C’est pour relier cette préoccupation millénaire aux interrogations actuelles sur le pouvoir du langage qu’a été choisie l’enseigne de la diabolie.

‑‑‑‑‑ Table des matières ‑‑‑‑‑

Introduction à la diabolie
I. La séduction
1. La passion des signes – 2. Le ciel et la scène : I. Le langage du ciel. II. L’Autre. III. Les deux scènes – 3. Sémiologie de la séduction : I. Le système de Sganarelle. II. La contrefaçon. III. Codes non linguistiques. IV. Le personnage, le texte et le redoublement – 4. Positions du conflit : I. Sganarelle et la parenthèse donjuanesque. II. Le triangle. III. Le fils criminel – 5. Le triomphe de la comédie : I. Sganarelle. II. Molière. III. La recherche de l’image

II. La renardie
6. La problématique médiévale de la parole : Les ambassadeurs : I. Le dévoiement. II. La captation. III. Le cheminement de la parole. IV. Mobilité du symbolisant – 7. La droiture et la ruse : I. Rhétorique et contrat. II. La fausse monnaie. III. Le discours du juge. IV. Universalité et degrés de la ruse. V. L’animal qui parle – 8. Un texte séducteur : I. La reprise critique. II. Duplicité du récit. III. Translatio – 9. L’inversion : I. Enfer et paradis : le haut et le bas. II. Un lieu commun diabolique : la mort maîtrisée. III. La naissance et le travestissement – 10. Raconter et se raconter : I. Le déguisement et la fiction II. La puissance. III. La confession

III. L’écriture
Abréviations – 11. Procédures et techniques séductrices dans l’écriture : I. Les figures de la diabolie ; II. Dénotation/connotation. III. La déception. IV. Le Neutre – 12. Le texte du contrat : I. Les trois étapes. II. L’image et la neutralisation – 13. Science et langage : I. Les sciences du langage. II. Le langage de la science. III. La loi – 14. L’origine et le redoublement : I. L’emprunt et la conquête : citer et classer. II. La transformation. III. Le commentaire et son roman – 15. Le commentaire : I. Le circuit de la parole vide. II. Le statut du commentaire. III. L’homéostat

Exorcisme

Appendice : la critique du Roman de Renart
Index


 

Du même auteur

Voir aussi

* La création du corps sublime in Le Corps et ses fictions, dir. Claude Reichler (Minuit, 1983).  
* La littérature comme interprétation symbolique in L'Interprétation des textes, dir. Claude Reichler (Minuit, 1989). 




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