Arguments


Eugen Fink

De la phénoménologie

Avant-propos d’Edmund Husserl
Traduit de l’allemand et présenté par Didier Franck


1975
Collection Arguments , 248 pages
ISBN : 9782707300393
23.00 €


Que ce soit en définissant la question phénoménologique fondamentale comme celle de l’origine du monde ou en insistant sur le rôle central de la réduction, les quatre études de ce volume restituent d’abord toute sa rigueur et sa singularité à la pensée husserlienne. Mais simultanément, elles conduisent la phénoménologie à ses limites, c’est-à-dire à son enracinement spéculatif, à ses présupposés métaphysiques. Edmund Husserl souscrira à ce double mouvement. Aussi dira-t-il d’un de ces textes centraux : “ Il ne contient pas une seule phrase que je ne puisse intégralement m’approprier, que je ne puisse expressément reconnaître comme ma propre conviction ”.

‑‑‑‑‑ Table des matières ‑‑‑‑‑

Avant-propos d’Edmund Husserl – I. Re-présentation et image. Contribution à la phénoménologie de l’irréalité (1930) – Il. La philosophie phénoménologique d’Edmund Husserl face à la critique contemporaine (1933) – III. Que veut la phénoménologie d’Edmund Husserl ? (L’idée phénoménologique de fondation) (1934) – IV. Le problème de la phénoménologie d’Edmund Husserl (1939).

‑‑‑‑‑ Extrait de l’avertissement ‑‑‑‑‑

La première étude – exemple d’analyse phénoménologique dont elle définit, chemin faisant, la spécificité – s’attache, dans le cadre d’une question sur le sens phénoménologique de l’irréalité, aux rapports entre présentation (Gegenwärtigung) et re-présentation (Vergegenwärtigung). Le flux transcendental des vécus est un enchaînement unitaire de présentations, c’est-à-dire d’actes dans lesquels se donne en elle-même, comme telle et sur le mode de l’originalité fondatrice, une objectivité intentionnelle, et de re-présentations ou modifications reproductives de la présentation. Qu’en est-il alors de ces intentionnalités qui, comme les rétentions, protentions et apprésentations, ne sont ni des présentations ni des re-présentations ? Ces  dé-présentations  qui forment l’horizon excentrique de toute présentation et la condition de possibilité de toute objectivité constituent un mode de temporalisation de la temporalité originaire même. La présence du présent vivant tire ses ressources de la dé-présentation. Après avoir ainsi dégagé l’essence générale des re-présentations, Fink en poursuit l’analyse concrète en fonction des horizons de temps auxquels elles se réfèrent (souvenir, pro-souvenir, souvenir de présent, imagination, rêve). (...)
La seconde étude, contresignée par Husserl, vise d’abord à répondre aux critiques que les néo-kantiens adressèrent à la phénoménologie transcendantale. Mais elle excédera vite les dimensions d’une réfutation pour atteindre celles d’une interprétation principielle de la phénoménologie dans l’unité de son développement. Si les néo-kantiens méconnaissent l’originalité de la phénoménologie en l’interprétant comme un criticisme dévoyé, c’est qu’une homonymie des concepts fondamentaux et une ressemblance architectonique les y autorisent.
Ces similarités recouvrent cependant de profondes différences de significations, que Fink s’emploiera à souligner en les référant aux problèmes fondamentaux qui animent et le criticisme et la phénoménologie. Sous de multiples aspects, le problème critique est celui de la forme apriorique du monde, il demeure donc immanent au monde. La phénoménologie, par contre, pose la question de l’origine du monde et vise à une connaissance transcendante au monde en ouvrant par la réduction, la sphère de l’origine absolue de tout étant réel ou idéal : la subjectivité transcendantale constituante. La phénoménologie est ainsi entièrement suspendue à la réduction, dont la possibilité ne laisse pas d’être énigmatique, puisqu’elle n’est en rien une possibilité humaine, mondaine. Toute exposition de la réduction sera  fausse  parce que prenant son départ sur le sol de l’attitude naturelle, et toute phénoménologie transcendantale constamment menacée d’être prise pour une psychologie phénoménologique avec laquelle elle entretient un étrange parallélisme. Le véritable thème de la phénoménologie est le devenir du monde dans la constitution de la subjectivité transcendantale – la constitution assurant le caractère transcendantal de la réponse phénoménologique à la question de l’origine du monde. Si de par son sens même, le monde est un seul et même monde pour nous tous, alors l’égologie devient monadologie et l’analyse de l’expérience d’autrui ne fait que déployer la réduction. (...)
Les deux dernières études réorganisent les mêmes thèmes autour des concepts d’esprit et de fondation, de phénomène, d’origine, d’intuition, d’évidence et d’analyse intentionnelle. Si le motif phénoménologique est, par excellence, celui de la fondation ultime, il reste à en comprendre la spécificité.
Didier Franck

 




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