Emma Doude van Troostwijk
Ceux qui appartiennent au jour
Prix Françoise Sagan 2024
Prix Robert Walser 2024
Prix de l'Académie Rhénane 2024
Prix du métro Goncourt 2024
2024
176 pages
ISBN : 9782707349484
17.00 €
« Je voulais raconter ça, l’histoire d’une famille de pasteurs qui perd la mémoire. Traiter d’un drame, avec le plus de lumière possible. »
E. D. v. T.
Le temps d’un séjour de quelques semaines dans sa maison d’enfance, la narratrice raconte ses retrouvailles avec sa famille, où, depuis trois générations, hommes et femmes ont choisi le métier de pasteur. Mais quand elle arrive, quelque chose de cet ordre ancien s’est profondément déréglé.
ISBN
PDF : 9782707349514
ePub : 9782707349507
Prix : 11.99 €
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Télérama, Stéphane Ehles, 3 janvier 2024
Dans un presbytère de France vit une famille de pasteurs néerlandais. L’avenir des uns, les souvenirs des autres, la foi : une première fiction subtile.
« Le Français dit qu’un ange passe. Le Néerlandais dit qu’un pasteur se promène. » On en croise beaucoup, des pasteurs, dans ce délicat premier roman qui illumine ce début d’année littéraire. La jeune metteuse en scène et autrice Emma Doude vanTroostwijk (née en 1999) installe son livre dans le presbytère d’un village français ceint de grands sapins verts, où vit une famille néerlandaise dont le grand-père, le père, la mère et le fils ont été, sont ou seront pasteurs. Quand la fille, la narratrice, revient après un an d’absence, le grand-père, atteint de troubles de l’âge, ne la reconnaît plus ; le père, fatigué, ne peut compter que sur des Post-it pour se souvenir de ce qu’il a à faire ; Nicolaas, le frère sur le point d’être ordonné, doute; la mère, elle, pasteure du village, fidèle à son poste, travaille ses prédications et veille sur son monde.
De ce fil ténu, Emma Doude van Troostwijk tisse un beau récit fait de courts paragraphes narratifs et puissamment évocateurs, entrecoupés de points linguistiques établissant les équivalents dans les deux langues de quelques expressions idiomatiques, et compose ainsi un ensemble profond autour de la mémoire. Celle qui s’enfuit des uns, celle qui revient chez les autres. Remontent ainsi des souvenirs de vacances en mer du Nord, d’aventures enfantines dans le grenier du temple ou dans les forêts alentour. Les réminiscences d’une foi d’antan (le psaume préféré d’Opa, le grand-père, les notes du cantique À toi la gloire...) se joignent à l’émotion ressentie lors du premier culte de Nicolaas, ou lors de ses questionnements quant à son engagement.
Si la thématique peut faire penser à la remarquable série danoise Au nom du père, sur les affres d’une dynastie de pasteurs (diffusée sur Arte en 2018), pas de trace, ici, de lourde névrose ni de nostalgie envahissante. La famille s’apparente plutôt à un cocon protecteur que la narratrice avoue chérir. « Je pourrais dire que je tiens à eux comme à la prunelle de mes yeux. » Eux qui, en français, « ne tiennent qu’à un fil », mais qui, en néerlandais, « appartiennent au jour ».
France Culture, Le Book Club, 3 janvier 2024
Emma Doude van Troostwijk était l'invitée de Marie Richeux, en compagnie d'Emmanuelle Tornero.