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Adret

Résister

Contre une société inégalitaire : les inventions du quotidien
Intoduction de Loup Verlet


1997
Collection Grands documents
256 pages
ISBN : 9782707315915
12.20 €


Des élèves d’un CES, dans un quartier défavorisé de Villeurbanne, déplacent leur classe dans le Hoggar et escaladent une montagne légendaire du Sahara. Des femmes maghrébines, tsiganes et asiatiques organisent ensemble la solidarité dans leur quartier, en Avignon. Des jeunes de banlieue décident de comprendre ce qui, dans leur “ look ”, fait tellement peur aux employeurs. Un conteur marocain parcourt les écoles du Pas-de-Calais et montre aux enfants les costumes, la musique, la cuisine arabes. Des musiciens de l’Orchestre national de Lille viennent initier les élèves d’une école primaire, dans un quartier “ chaud ” de Roubaix, à la musique classique. Des néo-ruraux hollandais sauvent de l’abandon un village de la Drôme, aident des jeunes à s’installer, montrent qu’une agriculture modeste, non productiviste, est possible. Tandis que s’emballe la machine à fabriquer de l’exclusion, nombreux sont ceux qui ne se résignent pas. À la logique folle du “ tout-économique ”, à la montée d’une société radicalement inégalitaire, ils opposent les inventions du quotidien.

* Adret : en pays montagneux, versant exposé au soleil.

‑‑‑‑‑ Table des matières ‑‑‑‑‑


Loup Verlet,  Introduction  – 1. Claudie Besse,  Nourrir son indignation  – 2. Yves Beroujon,  Les montagnes du rêve  – 3. Jean-Marie Giraud,  Faire marcher ensemble le social et l’économique  – 4. Mohammed Ham,  Ensemble, elles ont plein d’idées  – 5. Jacqueline Ejchenrand,  Ça vaut mieux que pas de racines du tout  – 6. Claire Allard,  Il faut parfois peu de choses pour éviter l’échec  – 7. Yves Degiorgio & Micheline Falcon,  Les jeunes, on les aide comme ça  – 8. Sjoerd & Liek Wartena,  Un choix de vie  – 9. Daniel Le Provost,  Quand un élève peut en aider un autre, c’est qu’il a compris  – 10. Frédérique Aguillon,  Ouvrir la porte du regard  – 11. Nicole Mazuras,  C’est ainsi que j’ai rencontré Sélimé  – 12. Bernard Plailly,  Être médecin dans cette banlieue, je trouve ça réconfortant  – 13. Didier Menard,  Nous sommes peut-être les précurseurs d’une médecine de demain  – 14. Laurette Farges,  Chacun pourrait jouer son rôle pour que ça redémarre  – 15. Celine, Emy, François, Kavida, Laetitia, Ramanguy, Saïd,  Montrer aux patrons que Dieu était en forme quand il nous a créés  – 16. Mohamed Galfi,  Des graines en attente d’un bon terreau  – 17. Andre Sachet,  Grandir ensemble  – 18. Hamid Oukattou,  Raconter tout simplement  – 19. Dominique Losfeld,  Un enfant, il faut lui donner envie  – 20. Houria Achouche,  Ce qui compte, c’est ce qu’il y a dans le cœur  – 21. Herve Brisse,  Une étincelle qui leur montre une ouverture  – 22. Sonia, Anissa, Louisa, Dalila,  La musique a commencé a bouger  – Adret,  Coda 


‑‑‑‑‑ Extrait de l’introduction de Loup Verlet ‑‑‑‑‑

Notre entreprise a son origine dans les grèves de décembre 95. On sentait d’un côté une foule de gens solidaires et prêts à inventer mais qui n’avaient pas la parole, on lisait de l’autre dans le Monde ou Libération des analyses qui expliquaient ce qu’il fallait comprendre. Même si l’on pouvait se réjouir de voir des intellectuels se passionner pour un événement nouveau et énigmatique, n’était-il pas choquant de ne pas entendre la voix de ceux dont on analysait la révolte ? D’autant que, me semblait-il, cette révolte était celle d’êtres humains qui peuvent avoir des choses à dire et vouloir être entendus. Je me suis alors souvenu de Travailler deux heures par jour. Dans ce livre collectif publié voici vingt ans, figuraient cinq témoignages qui évoquaient la réalité vécue du travail et son partage possible dans une société plus égalitaire que la nôtre. J’ai téléphoné à Daniel Schiff qui avait donné de ces témoignages une version écrite convenant à leurs auteurs. Son enthousiasme fut le signal de mise en marche, d’autres sont venus aussitôt nous rejoindre, c’était parti.
Ce livre parle de la résistance qu’opposent des gens ordinaires à la grande machine qui happe le sujet, le broie et le réduit à n’être plus qu’un objet interchangeable, sans voix et sans avenir : travailleur jetable ou consommateur, frustré pour l’économie marchande ; assujetti, bénéficiaire, ayant droit, prestataire, cas social, pour l’administration et la technocratie ; objet d’observation et d’enquête statistique pour les sciences dites humaines. Chacun des hommes et des femmes qui prennent ici la parole témoigne de son refus de se laisser traiter et de se vivre comme un objet, de sa capacité proprement humaine à se poser comme sujet, de sa façon de vivre avec d’autres dans la société en l’aménageant localement ou en inventant les moyens de faire avec. C’est là, à la jointure de la société et du sujet, que se dessine la signification politique de notre projet.
Loup Verlet, Chercheur au CNRS

(Le Progrès de Lyon, 22 mars 1997)

Un petit livre d’utilité publique
 
 Il y a bien peu de chances, hélas, que le livre que viennent de publier les Éditions de Minuit sous le titre-programme Résister parvienne en tête de liste des meilleures ventes de L’Express. Et c’est bien dommage ! Parce que, par les temps qui courent, ils sont rares les livres qui redonnent du courage, de l’optimisme, des raisons de vivre, d’espérer, de combattre de... Résister. Le collectif Adret (en pays montagneux versant exposé au soleil est-il précisé en couverture) qui signe cet ouvrage a réuni vingt-deux témoignages, expériences, récits de gens à la fois ordinaires et exceptionnels. Chacun d’eux a choisi à sa manière d’adresser avec une vigueur des plus sympathiques un superbe pied de nez à tous les tracas qui nourrissent notre quotidien : exclusion méchanceté, chômage, connerie, racisme... (liste non exhaustive). Chacune, chacun des citoyens – le mot reprend ici tout son sens – qui prend la parole tout au long de ces 250 pages raconte comment il vit debout, comment il vit tout court, comment on devrait, on pourrait vivre. Les mots sont simples, l’émotion jamais loin, l’humanité derrière chaque phrase. Cet instit du Nord qui avec la complicité de Casadessus transforme ses gamins “ à problèmes ” en mélomanes passionnés, ce toubib rebelle et héroïque de banlieue, cet autre prof de Villeurbanne qui emmène ses élèves chez eux dans le désert à la poursuite de leur étoile, ces paysans de la Drôme devenus de drôles de parents adoptifs, cet ancien mineur devenu conteur africain qui réconcilie tout le monde, ce... cette... comme on aimerait les rencontrer, les entendre encore, pomper de leur énergie, de leur courage. Elle est rudement réconfortante la lecture de ce bouquin qui donne un sens concret à la belle devise qui orne les frontons de nos mairies. Et comment en conclusion ne pas souhaiter que Résister et en particulier la remarquable introduction de l’ouvrage, soit lu très attentivement par chacun de nos élus de toute tendance. On l’aura compris “ résister ” est un ouvrage d’utilité publique. Il faut le lire, le relire, l’offrir. 

G. G. (La Voix du Nord, 4 avril 1997)

 Sous le nom d’auteur “ Adret ” se cachent des écrivains d’occasion, témoins ou acteurs des évolutions de la société. L’ouvrage Résister propose ainsi une série de témoignages sur des actions menées dans les milieux les plus divers. Ces actions font rarement “ la une ”, mais n’en constituent pas moins des signes patents de l’énergie et de l’imagination déployées pour faire face aux situations difficiles.
Comme une série de petits reportages, on fera connaissance avec ces femmes maghrébines, tsiganes ou asiatiques qui organisent la solidarité dans un quartier d’Avignon. On y entendra la voix d’un médecin de banlieue parisienne, celle de paysans de la Drôme, celle encore d’un conteur marocain (Hamid Oukattou) qui parcourt les écoles du Pas-de-Calais... Soliste à l’orchestre national de Lille, le joueur de tuba Hervé Brisse y parle en particulier du travail mené depuis plusieurs années par des musiciens professionnels auprès des élèves de l’école Michelet à RoubaIX. Avec lui, le directeur de l’école, Dominique Losfeld, et quatre petite filles, élèves de CM 2. Et aussi une mère d’élève qui résume peut-être toute la philosophie de l’action : “ Ce qui compte, c’est ce qu’il y a dans le cœur ”.
Ces témoignages fournissent quelques pistes exemplaires, quelques “ inventions du quotidien ”.

(Le Courrier de Leon, 15 mars 1997)

Surtout ne pas se résigner
Ce livre est un cri. Un cri d’indignation face à l’indifférence planante qui menace. Un cri qui encourage à la création, à la curiosité. Un cri d’appel à l’écoute et au respect.
 
 Le collectif Adret, réunion d’intellectuels qui s’interrogent sur notre société, nous offre avec Résister un recueil unique de témoignages de travailleurs sociaux, de professeurs, de médecins ou d’agriculteurs... Ils racontent tous avec sincérité le travail qu’ils effectuent sur le terrain auprès des personnes en difficulté.
“ On parle d’une société à deux vitesses. En fait, il n’y a qu’une seule vitesse. Les autres sont dans le trou ”, lit-on dans le premier témoignage. Tout le reste du livre montre que grâce à un projet de société différent, on peut aider ces “ autres ” à sortir de l’ornière. Jamais ne sont prononcés les mots de fracture sociale ou d’exclusion, paroles qui désignent globalement ceux qui ne cadrent pas avec notre société productiviste.
Ces professionnels racontent les solutions simples et humaines qui rendent à l’individu la fierté de ce qu’il réalise et de reprendre en main sa destinée.
Un professeur parle de cette expédition dans le Sahara que ses élèves de Villeurbanne ont mis sur pied, à la suite d’une lecture scolaire, alors qu’au collège, rien ne les motive. Un responsable d’association décide de “ faire marcher ensemble le social et l’économique ”, pour réconcilier les hommes avec le monde du travail, sur les chantiers d’insertion qu’il organise près de Nyons.
Un psychologue raconte la mise en place et le suivi de groupes de femmes-relais de différentes ethnies qui épaulent leurs compagnes de cité pour sortir de l’isolement. Un paysan hollandais, installé dans un village drômois qu’il a rebâti, aide les jeunes à s’installer dans cette région désertée en trouvant des solutions pour une agriculture nouvelle.
Ce livre nous relate de passionnantes aventures humaines, mais pose aussi les questions de fond : quel avenir proposons-nous aux jeunes ? Que sera demain notre monde si l’on n’y réfléchit pas aujourd’hui ?
Et un instituteur invente un enseignement qui ne laisse aucun élève en marge des enseignements de base, essentiels pour son avenir. Un médecin s’inquiète du devenir des petits qu’il soigne, trop tôt déterminés, parce que dans les cités, leurs parents vont mal. Une éducatrice tente de rendre l’espoir à des adolescents déprimés, honteux et agressifs.
Ces témoignages évoquent la possibilité d’agir avec les gens plutôt que pour eux. Ils prouvent que par l’écoute et l’action concrète, on peut trouver des solutions pour sortir de la profonde crise qui frappe les pays développés.
Pourtant, la lecture de Résister est loin d’être morose. Ce livre déborde de toute l’énergie des intervenants. Même si l’inquiétude et les interrogations sur l’avenir demeurent, on clôt ce livre avec une envie de regarder la vie autrement. 

 





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