
Je voulais écrire un roman de Strasbourg pendant son annexion par le IIIe Reich.
Pas l’histoire haletante d’un réfractaire poursuivi par la Gestapo. Non, simplement un roman de la vie quotidienne.
Mais il n’y a plus de témoins.
Et puis, dans un carton d’archives, j’ai découvert Emma… et les fantômes de la rue Dunat-Diehr.
ISBN
PDF : 9782707355980
ePub : 9782707355973
Prix : 13.99 €
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Le Nouvel Obs, Jérôme Garcin, 27 mars 2025
Le Prix Flaubert
Parmi les huit titres sélectionnés pour le prix Flaubert, qui sera remis le 23 mai a Trouville-sur-Mer, devant la plage où le jeune Gustave tomba amoureux d’Elisa Schlésinger, figure « La Maison hantée », de Michèle Audin. Dans ce roman plus perécien que flaubertien, l’écrivaine-mathématicienne installe son héroïne, « Française de l’intérieur », dans un immeuble de Strasbourg, construit en 1930, dont les habitants les plus âgés et les archives de copropriété lui révèlent la dramatique histoire de la capitale alsacienne pendant la Seconde Guerre mondiale. Michèle Audin, qui a enseigné pendant vingt-sept ans à l’Institut de Recherche mathématique avancée de Strasbourg, raconte l’annexion, par le IIIe Reich, de l’Alsace-Moselle, la nazification des esprits, la germanisation des rues, l’interdiction du français à l’école, les autodafés des livres autres qu’allemands, l’incorporation forcée de milliers de « Malgré-nous » dans la Wehrmacht et la Waffen-SS (certains participèrent au massacre d’Oradour), et la création du camp d’extermination du Struthof, à Natzweiler. Que ce roman paraisse aux Éditions de Minuit, nées en 1941 dans la clandestinité pour résister aux nazis, lui donne un supplément d’âme et de force.
En attendant Nadeau, 25 février 2025
La Maison hantée de Michèle Audin continue un travail romanesque qui interroge l’histoire, la manière dont on la raconte, la place qu’elle occupe dans la fiction. Avec ce goût du jeu inimitable, son nouveau livre met en lumière l’histoire des « malgré-nous », mais surtout va plus loin en interrogeant le rôle de la fiction dans l’histoire. Et ce n’est pas une mince affaire !
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AOC, 19 mars 2025
La Maison hantée, le nouveau livre de Michèle Audin, se veut un roman, même si la part de l’histoire y est essentielle. Cette passionnante enquête-fiction sur le passé d’un immeuble strasbourgeois imaginaire permet en effet à l’écrivaine d’évoquer la question des « malgré-nous », ces jeunes Alsaciens et Mosellans enrôlés de force dans la Wehrmacht ou la Waffen-SS pendant la seconde guerre mondiale, et de s’interroger sur les zones incertaines, toujours contemporaines, de la culpabilité individuelle et de l’identité collective.
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Le Monde des livres, Tiphaine Samoyault, 10 janvier 2025
Télérama, Stéphane Ehles, 2 janvier 2025
« Vous ne pouvez pas comprendre. » La sentence d’un collègue laisse Delphine pantoise. Bibliothécaire à l’université de Strasbourg, fraîchement débarquée de Paris, que ne peut-elle pas comprendre ? Delphine ressemble fort à Michèle Audin, mathématicienne, professeure dans ces mêmes lieux pendant près de trente ans, qui offre ici un subtil roman de la vie quotidienne dans la capitale alsacienne sous le IIIe Reich.
Faute de témoins (pas facile, quatre-vingts ans plus tard), la narratrice se propose d’imaginer, archives à l’appui, la vie des locataires qui l’ont précédée dans l’immeuble des années 30 où elle vient d’emménager. Des deux Lituaniens juifs, dont on ne trouve plus trace, à Emma, épouse de Fabien, et son frère Arthur, mari de Franziska. On suit leur évacuation (comme celle de tous les habitants de la ville) vers « la France de l’intérieur » après l’entrée du pays en guerre, en septembre 1939, puis l’arrivée des troupes nazies dans une ville vide, en juin 1940, après l’armistice signé par un régime de Vichy qui n’eut rien à redire à l’annexion de l’Alsace et de la Moselle, purement et simplement intégrées au Reich. On vit le retour de certains locataires (sauf les « indésirables ») dans « le Strasbourg allemand », organisé à grands coups de propagande, et leur quotidien nazifié, leur enrôlement forcé dans la Wehrmacht, voire la SS. On saisit la terreur de l’époque, à l’ombre du Blockleiter, chargé de la surveillance du quartier, et du proche centre de rééducation de Schirmeck (puis du camp du Struthof), entre la collaboration des uns, séduits par le nazisme, et l’exécution des autres, réfractaires au régime. On perçoit la joie de la Libération et la perplexité d’être toujours pris pour des « Boches ».
Tout à la fois intimiste et politique, ce roman strasbourgeois apparaît alors d’autant plus salutaire que s’effacent peu à peu, dans la métropole mondialisée d’aujourd’hui, les traces d’une histoire singulière, entre honte de l’avoir vécue et volonté de la taire. « Vous ne pouvez pas comprendre » est en quelque sorte le corollaire de « N'en parlons plus », formule phare de l’après-guerre. Peut-être cette fiction permettra-t-elle de dépasser l’éternelle contradiction ; dire, raconter n’empêcherait donc pas d’être compris.
L'Humanité, Sophie Joubert, 9 janvier 2025