Romans


Michèle Audin

La Maison hantée


2025
208 pages
ISBN : 9782707355966
19.00 €


Je voulais écrire un roman de Strasbourg pendant son annexion par le IIIe Reich.
Pas l’histoire haletante d’un réfractaire poursuivi par la Gestapo. Non, simplement un roman de la vie quotidienne.
Mais il n’y a plus de témoins.
Et puis, dans un carton d’archives, j’ai découvert Emma… et les fantômes de la rue Dunat-Diehr.

ISBN
PDF : 9782707355980
ePub : 9782707355973

Prix : 13.99 €

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Télérama, Stéphane Ehles, 2 janvier 2025

« Vous ne pouvez pas comprendre. » La sentence d’un collègue laisse Delphine pantoise. Bibliothécaire à l’université de Strasbourg, fraîchement débarquée de Paris, que ne peut-elle pas comprendre ? Delphine ressemble fort à Michèle Audin, mathématicienne, professeure dans ces mêmes lieux pendant près de trente ans, qui offre ici un subtil roman de la vie quotidienne dans la capitale alsacienne sous le IIIe Reich.
Faute de témoins (pas facile, quatre-vingts ans plus tard), la narratrice se propose d’imaginer, archives à l’appui, la vie des locataires qui l’ont précédée dans l’immeuble des années 30 où elle vient d’emménager. Des deux Lituaniens juifs, dont on ne trouve plus trace, à Emma, épouse de Fabien, et son frère Arthur, mari de Franziska. On suit leur évacuation (comme celle de tous les habitants de la ville) vers « la France de l’intérieur » après l’entrée du pays en guerre, en septembre 1939, puis l’arrivée des troupes nazies dans une ville vide, en juin 1940, après l’armistice signé par un régime de Vichy qui n’eut rien à redire à l’annexion de l’Alsace et de la Moselle, purement et simplement intégrées au Reich. On vit le retour de certains locataires (sauf les « indésirables ») dans « le Strasbourg allemand », organisé à grands coups de propagande, et leur quotidien nazifié, leur enrôlement forcé dans la Wehrmacht, voire la SS. On saisit la terreur de l’époque, à l’ombre du Blockleiter, chargé de la surveillance du quartier, et du proche centre de rééducation de Schirmeck (puis du camp du Struthof), entre la collaboration des uns, séduits par le nazisme, et l’exécution des autres, réfractaires au régime. On perçoit la joie de la Libération et la perplexité d’être toujours pris pour des « Boches ».
Tout à la fois intimiste et politique, ce roman strasbourgeois apparaît alors d’autant plus salutaire que s’effacent peu à peu, dans la métropole mondialisée d’aujourd’hui, les traces d’une histoire singulière, entre honte de l’avoir vécue et volonté de la taire. « Vous ne pouvez pas comprendre » est en quelque sorte le corollaire de « N'en parlons plus », formule phare de l’après-guerre. Peut-être cette fiction permettra-t-elle de dépasser l’éternelle contradiction ; dire, raconter n’empêcherait donc pas d’être compris.


 
L'Humanité, Sophie Joubert, 9 janvier 2025


 



 




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