La Genèse du phénomène

En cause, l’état de crise dans lequel la philosophie est aujourd’hui plongée ; en vue, l’étude de conditions capables de le dénouer. Le nom dans lequel se trouvent condensés tant l’immobilisation de la réflexion que l’espoir d’une pensée nouvelle est Heidegger. Sa méthode a initialement été et, en dépit de transformations intérieures, est restée la phénoménologie. Le point est donc de démêler ce qui se cache non pas seulement sous les concepts de phénomène et de logos, mais aussi et surtout entre eux.
La réflexion part de l’exercice effectif de la parole considérée comme une épreuve et une pratique critique propre à faire office de révélateur. Elle passe à l’examen des décisions souvent implicites du cœur desquelles depuis Platon s’est construit le visible et dont le système, jamais formellement démêlé, a engendré notre rapport à l’objet de pensée : soit le logos de la vision intellectuelle – ce qui n’a pas empêché Platon lui-même de laisser filtrer la mémoire fugitive d’un logos dissident, d’une parole pure en rupture avec le logos du voir. À l’autre bout de notre tradition, il y a la révolution de la métaphysique chez Kant et le tournant dans l’histoire de l’être chez Heidegger, d’où auraient pu sortir un phénomène et un logos régénérés. Parce que tel ne fut pas le cas, se fait jour la double nécessité d’en finir avec la marche du recul, avec la pensée négative impliquée dans la réduction qui procède de l’étant vers l’être, et, corrélativement. de construire une pensée, une fiction de la genèse du phénomène qui est d’un trait celle de la vue, de la lumière, du corps et du logos. Telles sont les questions, telle est la question plutôt – la fiction du phénomène qui advient.

‑‑‑‑‑ Table des matières ‑‑‑‑‑

Première partie. La parole, la vue, l’origine :
Chapitre I. La parole et l’expérience de la vue – Chapitre II. La parole dans la vue (De la vision platonicienne à la genèse de la vision. Vers la nécessité d’une autre origine) – Chapitre III. Parole et vérité. Premiers axes d’une critique de Heidegger

Deuxième partie. La fondation platonicienne de la philosophie. Le phénomène et le logos :
 Chapitre I. Platon et la parole – Chapitre II. La vue en tant que pure. L’esprit de la métaphysique – Chapitre III. La vue en tant qu’elle cache en soi un élément impur. Compléments à l’esprit de la métaphysique – Chapitre IV. Œdipe roi et la tragédie de la parole – Chapitre V. Sophocle et Platon : précisions sur l’essence de la philosophie

Troisième partie. Kant et l’approfondissement du voir platonicien :
Chapitre I. Kant, le renversement et la métaphysique – Chapitre II. La tache d’une nouvelle fondation de la métaphysique et la division de la sensibilité et de l’entendement – Chapitre III. L’esthétique transcendantale et l’intuition pure – Chapitre IV. L’analytique et le renversement de l’origine – Chapitre V. Kant et la métaphysique établie par Platon

Quatrième partie. Heidegger, le tournant et la pensée de la phénoménologie. Phénomène et logos :
Chapitre I. Heidegger, penseur du tournant – Chapitre II. La méthode et l’ontologie dans Sein und Zeit. La vue sur l’être. Voir et parler – Chapitre III. Heidegger et le tournant être et logos

Cinquième partie. De la genèse du phénomène :
Chapitre I. Impasses de la différence ontologique – Chapitre II. Régression et position – Chapitre III. Problématique de la genèse – Chapitre IV. Conclusion spéculative positive : réinventer l’apparence