Romans


Arthur Bernard

La Chute des graves


1991
256 pages
ISBN : 9782707313904
13.60 €
40 exemplaires numérotés sur Vergé des papeteries de Vizille


La chute des graves, c'est le nom ancien de la chute des corps, qui traduit le cours inéluctable des choses, mais c'est aussi la fin des idéologies qui a affecté au cours des dernières décennies ceux qui feront, dans leur jeunesse, des militants austères.
Vers 1960, Frédéric Palamède, vingt ans, est pris dans une guerre qui n’est pas la sienne. Il accepte de porter des messages clandestins pour le compte de l’Office postal universel de Berne. À ce petit jeu, il ne tarde pas à se retrouver en prison.
Libéré, il n’en continue pas moins de détenir, à son insu, un secret précieux que guignent de mystérieux inconnus. Deux groupes rivaux sont à ses trousses. Il tente de se dérober, gagne le Mexique, l’Italie. En vain : le jour venu, ses poursuivants seront au rendez-vous, rue de l’Asile-Popincourt, au fond d’une cour, et en repartiront avec la clé de l’énigme.
La clé, mais pas la solution…

Gérard Meudal (Libération, 5 septembre 1991)

Clef de Troie
Un premier roman grave, mais pas désespéré, par Arthur Bernard.
 
 La Chute des graves, d'Arthur Bernard, est un roman à clef. Pas au sens où les personnages serviraient de prête-nom à quelque célébrité, mais parce que toute l'intrigue repose sur une clef, celle du coffre d'une banque suisse dont le contenu évidemment mystérieux est convoité par plusieurs organisations occultes. Un roman policier donc, assaisonné d'espionnage mais un rapide résumé de l'intrigue permet de comprendre que l'auteur s'amuse qu'à les résoudre.
On sait peu de choses du héros, Frédéric Palamède (il se cache parfois sous d'autres identités), si ce n'est qu'il revient mourir dès les premières lignes à l'endroit où il est né. Orphelin de bonne heure, sa mère a été déportée et son père tué à la guerre, il est élevé par une vieille paysanne quelque part du côté des Ardennes. À dix ans, il monte à Paris retrouver une tante qui vit rue Vaneau. Pendant ses études, il se livre à quelques activités délictueuses qui lui valent une énorme réputation dans les milieux de l'espionnage et à une traduction de Pindare qui l'occupera toute sa vie. Palamède ne connaît personne, mais tout le monde le connaît, le poursuit ou recherche ses services : une comtesse russe riche et amoureuse, un certain Duchemin, flic ou truand, les frères Polyzuk, tueurs à gages ou anges gardiens, un commandant d'on ne sait quel service, sans parler de la tante de la rue Vaneau toujours au cœur de tous les mystères.
Arthur Bernard ne s'embarrasse pas de vraisemblance, il joue avec un plaisir et un brio évidents de toutes les situations convenues du roman d'aventures. Il y a des filatures, des rebondissements, des fuites en avant, du Mexique à l'Italie, des enlèvements, des arrestations, mais, quand on meurt, c'est de crise cardiaque, et les enjeux sont minces au regard des moyens mis en œuvre. Tout le crime, ou le coup de génie, de Palamède est d'avoir acheminé les plis secrets d'un Office postal universel de Berne !
La Chute des graves est tout sauf un roman pesant (I'expression, empruntée à la physique, signifie la chute des corps), c'est un livre pour les enfants écrit par un adulte qui, passé le cap de la cinquantaine, oublie la fuite des années en rêvant encore de trésors et d'îles lointaines. La clef du mystère, il n'y en a pas. La vie est une énigme à laquelle on ne comprend rien, on peut même la trouver grave puisque la chute des corps est une loi inéluctable ; alors, mieux vaut rêver et se distraire. N'est-ce pas déjà ce que faisait un autre Palamède, celui de la guerre de Troie, victime pourtant d'une horrible machination judiciaire de la part d'Ulysse. Et qui, au lieu de prendre la vie au tragique, trompait l'ennui du siège de Troie en inventant, dit-on, quelques nouvelles lettres de l'alphabet et surtout les jeux de dames, de dés et d'osselets. 

 

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