Romans


Alain Robbe-Grillet

Projet pour une révolution à New York


1970
216 pages
ISBN : 9782707303516
16.00 €
99 exemplaires sur pur fil Lafuma


‑‑‑‑‑ Extrait d’un entretien avec Alain Robbe-Grillet ‑‑‑‑‑

Quelle est la signification du titre de votre dernier roman ?
Cette signification me semble, sinon claire, du moins évidente dans son ambiguïté. Il suffit d'analyser le sens des trois substantifs que ce titre contient. Ou plutôt, non pas le sens, mais les sens, et en particulier les deux acceptions opposées dans lesquelles on peut prendre chacun d'eux. Une  révolution , cela peut être le déplacement d'une figure autour d'un axe, dans un mouvement de rotation qui la ramène en fin de course à son point de départ ; mais cela peut être aussi le changement brusque et radical bouleversant un ordre établi ; avec, reliant ces deux définitions, l'exemple de la révolution soviétique qui a effectivement renversé la nature du pouvoir, pour finir par revenir aujourd'hui, comme on sait, à l'ordre moral bourgeois et à une politique impérialiste. Ensuite le mot  projet  qui est d'abord un terme d'architecture : représentation écrite de l'œuvre à réaliser (œuvre qui est ici, bien entendu, non pas la révolution mais le livre lui-même) ; d'autre part, le verbe projeter fait penser à l'ombre que projette sur une surface plane un objet réel vivement éclairé. Enfin New York, qui est à la fois une vraie ville de béton armé et la ville imaginaire de nos rêves, ou du rêve des Américains eux-mêmes, la capitale de l'argent, des organisations louches, de la prostitution, du vice, de la drogue, avec les nègres qui violent les femmes blanches, le métro où l'on assassine impunément, l'incendie qui ravage d'un coup les buildings gigantesques, éléments mentaux dont la double origine sexuelle et sociale me paraît évidente.
Entretien paru dans Politique-Hebdo, le 12 novembre 1970.

Madeleine Chapsal (L'Express, 1970)

 Robbe-Grillet introduit – ou plutôt continue d'introduire, car il n'a cessé de le faire depuis son premier livre, Les Gommes, 1953 – une révolution dans la lecture : dans ses ouvrages, il n'y a pas un sens privilégié du texte. Personne, pas même l'auteur, n'a le dernier mot et ne peut l'avoir, parce qu'il n'y a pas de dernier mot – ni d'ailleurs de premier. Tout a été dit, se répète et se répétera, et toujours différemment. Ce que l'auteur fournit, avec une précision, une beauté d'écriture extrêmes, ce sont des éléments pour les scènes. Stéréotypes, archétypes, images figées, c'est à l'imagination du lecteur de faire le reste. Il n'y a pas de limites aux créations de l'imagination que suscite l'écriture lorsque l'écriture est libre. 

Anne Fabre-Luce (La Quinzaine littéraire, 1970)

 Plus exigeant que le roman traditionnel où l'identification complaisante était toujours proposée au lecteur, ce livre nous enjoint de transgresser nos frontières et d'assumer “ pour voir ” la totalité de “ l'illusoire ” de la fiction en tant que tel. Exercice passionnant pour qui s'intéresse à ses propres au-delà, à ces variantes “ inconnues ” de nous-mêmes qui nous attendent de l'autre côté de nos vérités. 

 




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