Romans


Hervé Guibert

Les Lubies d’Arthur


1983
120 pages
ISBN : 9782707306548
13.00 €


 Raconter l'histoire d'un saint, d'un saint moderne, qui vit aujourd'hui, mais qui repasse par toutes les images qui amènent à la sainteté : la débauche et la cruauté comme saint Julien l'Hospitalier, puis les visions, les apparitions, les transformations, tout ça à l'intérieur de petits commerces louches et animaliers. À la fin, la solitude, la misère et, enfin, les stigmates, la béatitude. 
Hervé Guibert

ISBN
PDF : 9782707350749
ePub : 9782707350732

Prix : 9.49 €

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Michèle Bernstein (Libération, 13 octobre 1983)

Treize coups de Minuit
 
 Si de mon état je tournais un orgue de Barbarie, je chanterais au coin des rues les aventures de Bichon et d'Arthur, sur l'air de la complainte de Fualdès. Si je savais dessiner les garçons et les paysages, j'illustrerais en couleurs Les Lubies d'Arthur d'Hervé Guibert : car j'ai bien vu en le lisant que c'était un livre d'images. Une par chapitre : Le Tutu de l'hippopotame – La Montre fluorescente – Bichon enfin ! –Fric-frac à la Morgue – La Tempête – La Citadelle de glace – Le Jeu de puces – Comme sainte Agnès, Bichon se métamorphose devant la luxure... Je ne peux pas continuer, il y en a cinquante-neuf... Au chapitre des seize îles (l’île des Mouches – l’île des Traîtres – l’île de la Récréation – L’île des Pendus – ou l’île des Gros Lobes d'Oreille), Il faudrait une image par île, très détaillée ; et pour l'île de la Tristesse, on laisserait une page toute noire, comme celle de la tombe du pauvre Yorick.
L'argument, vous l'avez deviné, est simple. Comment Arthur et Bichon, s'étant débarrassés de leur aigle apprivoisé mais sanguinaire, qui avait assassiné le Professeur et Lady Bidougy, se sont embarqués sur une barque légère, ont festoyé à bord d'un sous-marin (“ Déjà Arthur dévorait le fois gras à pleines mains et Bichon, qui dédaigna le rôti, dansait la gigue, un homard dans chaque main, Ie bouchon de champagne sauta en cassant une potiche, et personne n'arrivait pour les surprendre et Ies punir... ”), visitent la îles sus-citées dans un beau vaisseau à voiles, vendent leur rafiot pourri (tout passe, tout casse) à une jeune fille fatale contre une bourse pleine d'or, acquièrent trois caisses d'un magicien, deviennent en Amérique plus célèbres que Sarah Bernhardt, arrêtons-nous là, la fin est mélancolique.
Hervé Guibert avait écrit l’année dernière Le Voyage avec deux enfants, un compte rendu d'amour et de liberté. Cette année, Les Lubies d'Arthur sont tout à fait le même livre, sauf que c'est complètement différent ; le premier se passait sur terre, celui-ci dans les nuages. Arthur et Bichon retrouvent (pour nous, lecteurs immatures) le coffre de jouets, de livres et d'oripeaux en velours pailleté que nous avons oublié quelque part, au temps où les livres de prix avaient des couvertures rouges et des tranches dorées (bien sûr, c'était déjà fini, mais ils sont ainsi dans Ie souvenir reconstruit). Ils croisèrent des mythes, ce n'était peut-être que des hallucinations provoquées par leur faiblesse, des rappels de lecture d'enfance. On voit passer Moby Dick, Jules Verne, Hoffmann, Stevenson, Jack London et la première de Parade. On rencontre votre bande dessinée préférée, celle que je ne connais pas, et votre premier amour...
Je ne veux pas vous prendre en traître : je me suis laissé dire que Guibert n'était pas sorti de l'enfance et que j'y étais déjà retombée. N'en croyez rien : je ne me rappelle pas être jamais passée par le stade adulte. À part cela, c'est bien possible et tant pis pour les autres. Peut-être que L’auteur a écrit cette histoire tendre, tendre, tendre pour mettre en fureur les gens graves, graves, graves ? Si vous sentez que votre attaché-case vous colle aux doigts, sans doute ne devriez vous pas essayer d'ouvrir Les Lubies d'Arthur de l'autre main. 

 




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