Critique 


Revue Critique

Critique n° 847 : CCCP.
Il était une fois l'URSS


2018
96 pages
ISBN : 9782707344298
12.00 €

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La révolution d’Octobre avait ébranlé le monde ; son centième anniversaire n’a pas fait beaucoup de bruit – et en Russie moins qu’ailleurs. Ce n’est guère une surprise, plutôt une confirmation : 1917 comme mythe politique majeur du xxe siècle est sorti de notre horizon. Il n’en est pas de même de l’URSS, son incarnation. Née en 1922, déclarée morte en 1991, l’URSS continue de vivre sa vie dans les imaginaires russes et occidentaux. Elle exerce un intérêt, voire une fascination, qui ne relèvent évidemment plus de l’adhésion ni du fidéisme, mais d’une curiosité active et informée qui n’est pas le fait des seuls historiens, mais se traduit aussi par une ébullition créative dans tous les domaines – du roman au film en passant par le spectacle vivant. L’URSS semblait sortie des esprits comme elle avait été rayée des cartes : elle revient en force aujourd’hui sous la plume des romanciers, devant l’objectif des cinéastes et sur les scènes des théâtres.
C’est à ces réécritures diverses et souvent hybrides de la Russie soviétique qu’est consacré le présent numéro : elles croisent témoignages et imagination, documentation et licence poétique, archives et invention. Longtemps, l’histoire de l’URSS a été écoutée aux portes de ses Légendes – y compris de sa légende noire. Une autre Fable se forme, plus subtile, moins fabuleuse ou affabulée, mieux informée et plus morale, c’est-à-dire plus instructive, que celles qui l’ont précédée.

Sommaire

Irina OKUNEVA
Evguénia Iaroslavskaïa-Markon, passionaria du lumpenproletariat

Elena GALTSOVA
Poésie et révolution sur les scènes moscovites de 2017

Jean-Philippe ROSSIGNOL
L’art, la révolution, la terreur

Larissa ZAKHAROVA
Recalculer le socialisme : une fable khrouchtchévienne

Pierre LÉON
Eisenstein et après. Images sacrées et liquidation

Marc ELIE
Olivier Rolin, passeur du passé soviétique

Yves HERSANT
Un bric-à-brac mélancolique

*

Tables des matières
Année 2017

Marion Dupont, Le Monde, samedi 6 janvier 2018

L’URSS dans la fiction

Un homme se réveille dans un train près de la centrale de Tchernobyl, en Ukraine : le convoi est à l’arrêt, faute de rails pour continuer. Dans la séquence suivante, située à Kiev en avril 1986, le même homme discute avec sa femme à l’arrière d’une voiture ; un contrechamp sur la chaussée montre alors le carambolage de trois voitures, dont on comprend vite que ce n’est en réalité qu’une cascade de cinéma. La conversation du couple reprend, insensiblement. Le réalisateur de Raspad (1990), Mikhaïl Belikov, cherche-t-il à souligner que plus rien ne surprend dans une URSS à bout de souffle ? A révéler que tout ceci n’est qu’une mascarade dont plus personne n’est dupe ? Dans l’article « Eisenstein et après. Images sacrées et liquidation », le réalisateur et critique Pierre Léon décrypte pour le lecteur de la revue Critique la façon dont le cinéma, soviétique et postsoviétique, traite la désintégration de l’URSS. A ses yeux, à la déliquescence du monde soviétique – incarnée par la catastrophe nucléaire survenue au printemps 1986, symbole de la rupture de confiance entre l’Etat et ses citoyens – répond l’explosion de la forme fictionnelle soviétique. Le numéro de décembre 2017, « Il était une fois l’URSS », boucle en effet cette année de (non ?) commémoration en analysant les réécritures de la Russie soviétique qui peuplent la fiction et les arts en général. C’est un nouvel imaginaire de l’URSS qui émerge, construit à la faveur d’une oscillation entre curiosité et fascination.

 

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